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LA


QUESTION DES CEREALES.




Il n’y a point de question économique qui ait éveillé au même degré que la question des céréales la sollicitude des gouvernemens et des législateurs ; aussi n’y en a-t-il point qui ait été l’objet d’un plus grand nombre d’actes publics. Tous les gouvernemens du monde ont porté leur attention sur la subsistance du peuple ; tous, ou presque tous, ont voulu régler cette importante matière par des lois. Si haut que l’on remonte, on trouve dans les monumens historiques les traces de ces préoccupations. L’antiquité en est pleine, et l’histoire moderne n’est pas, à cet égard, moins fertile. On remplirait un volume de la seule nomenclature des actes publics rendus en France depuis le XIIe siècle sur le commerce ou la culture des grains. Du règne d’Henri IV seulement jusqu’au règne de Louis XVI, on en compte cent soixante, et l’on sait que les gouvernemens qui suivirent en furent encore plus prodigues.

Cette vive et continuelle sollicitude s’explique, du moins quant à l’intention et à l’objet. Qu’y a-t-il, en effet, de plus important que ce qui touche à la subsistance du peuple ? Les lois relatives à cette matière ne sont pas seulement les plus intéressantes de toutes les lois commerciales, elles ont encore une immense portée politique. On l’a dit avec raison : il est difficile qu’un peuple demeure paisible quand