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HISTOIRE


DU


CONSULAT ET DE L'EMPIRE


PAR M. A. THIERS





En terminant la lecture des trois premiers volumes de cette histoire, nous avons l’ame remplie par une émotion aussi profonde qu’élevée. Ces volumes racontent la grandeur de la France. Nous y avons trouvé le tableau des belles années qui, au commencement du siècle, virent luire sur notre pays une gloire non moins irréprochable qu’éclatante. Ici la raison n’est pas en lutte avec le patriotisme, et, sur cette grande époque, le penseur le plus sévère peut avoir les sentimens du peuple.

C’est donc la France qui fait le fond de ce livre et qui en est, pour ainsi parler, la noble matière. Quarante ans nous séparent à peine de cette partie de l’histoire nationale, tracée par un homme politique qui, dans les évènemens contemporains, joue un des premiers rôles. C’est établir d’un mot la compétence de l’historien. Il y a des choses qui ne peuvent être écrites que par des hommes qui ont agi ; ainsi pensaient les anciens, chez lesquels la vie publique était l’initiation nécessaire à l’art d’écrire l’histoire. A Florence, Machiavel et Guichardin ne furent pas d’un autre avis.