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mais au milieu des plus rudes persécutions politiques, ils ont su garder intactes leurs libertés communales et provinciales. En vain la maison d’Autriche a introduit, tant qu’elle a pu, son génie absolutiste dans les hautes branches de l’administration ; la diète suprême et les diétines des provinces ou comitats ont constamment repoussé sous toutes ses formes la bureaucratie autrichienne.

Chaque diétine hongroise, sous le nom de congrégation, s’assemble une ou plusieurs fois l’an, pour délibérer et décider en souveraine sur tout ce qui concerne l’administration intérieure du comitat. La session générale s’ouvre par la lecture du protocole de la congrégation précédente. On discute les rescrits et l’administration du roi, la répartition de l’impôt, le recrutement, les travaux publics, les besoins de l’industrie indigène, les demandes des comitats voisins. On élit les magistrats locaux, et les deux députés qui devront aller représenter le comitat à la diète générale. En se séparant, la congrégation confie au brachium, c’est-à-dire à la gendarmerie communale des pandours, le soin d’exécuter ses conclusions législatives et ses arrêts judiciaires. La diétine est présidée, au nom du roi, par le fo-ispan (ober-gespan), littéralement le haut caissier, ou par le vice-gespan. Ces deux titres, qui équivalent aux noms de comte et de vicomte, désignent en Hongrie l’administrateur suprême d’un comitat et celui qui le supplée dans les affaires secondaires. Les ober-gespans, qui correspondent à nos préfets de départemens, sont nommés par le roi, et seulement à vie, excepté dans quelques comitats où ces gouverneurs ont conservé le droit féodal de transmettre leur dignité comme héritage à leur fils aîné. Chaque comitat a son tribunal local, que préside le vice-gespan assisté par un juge, et de plus une espèce de cour d’appel ou de tribunal royal, que l’ober-gespan doit, sauf les cas d’absence, présider en personne.

Les ober-gespans sont magnats du royaume ; réunis aux autres comtes hongrois, ils composent dans l’assemblée nationale la première table, dite table des magnats, où siègent également tous les prélats du royaume, tant latins que grecs, unis et non unis. Outre cette première table, qui représente les intérêts de la haute noblesse et ceux de l’épiscopat, l’assemblée nationale renferme encore la table des états ou des députés du peuple, c’est-à-dire, de la petite noblesse, des villes libres et du bas clergé. Malheureusement les villes ne sont point représentées dans ces états, en proportion de leur importance, puisqu’elles n’y ont toutes ensemble qu’une seule voix collective. Le motif de cette exclusion est que presque toutes les villes, étant peuplées