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tout égyptiens qu’ils sont, avaient été probablement construits, et certainement décorés sous les Grecs et sous les Romains.

On traita cette idée de paradoxe insoutenable. Champollion lui-même prit la peine d’en relever ce qu’il appelait alors l’invraisemblance[1]. Cependant peu de mois après, en septembre 1822[2], ses propres découvertes l’y ramenèrent, et finirent par l’obliger non-seulement à l’admettre, mais encore à lui donner une extension nouvelle[3].

Avant que sa mémorable découverte vînt apporter cette confirmation inattendue, j’avais cru pouvoir combattre le principal argument qu’on m’opposait alors, en recherchant s’il était vrai que la conquête persane eût exercé sur les arts et les institutions de l’Égypte l’influence désastreuse qu’on lui supposait, et si les Égyptiens, à l’époque de la domination grecque, eussent réellement perdu depuis des siècles, comme on le disait, la volonté et le pouvoir d’exécuter tous ces grands travaux d’art dont on était dans la nécessité indispensable de placer l’exécution à cette époque récente, quand on voulait rester fidèle au sens des inscriptions grecques gravées sur des monumens qui ne présentent pas de traces d’un art étranger. En mars 1822, je commençai à lire à l’Académie.une série de mémoires sur l’état des arts en Égypte depuis Cambyse, où je me proposais d’établir que la civilisation n’y avait subi que de faibles modifications sous la domination persane, et qu’elle restait presque intacte lorsque Alexandre vint s’emparer du pays[4] ; mais la découverte de Champollion, exposée devant cette compagnie le 22 septembre 1822, me fit comprendre qu’une nouvelle ère s’ouvrait pour l’archéologie égyptienne, par l’introduction d’un élément historique qui avait manqué jusqu’alors je crus prudent d’attendre les applications nombreuses qui allaient successivement en sortir. J’interrompis donc la lecture d’un travail déjà tout préparé, avec les seules ressources que l’on possédait ; je bornai cette lecture à des considérations générales, et à un premier mémoire sur la domination persane en Égypte, dont le résumé fut indiqué dans mes Recherches publiées en 1823.

Ce n’est pas ici le lieu de rappeler comment les vues émises dans mon mémoire de juillet 1821, et développées dans celui de

  1. Revue Encyclopédique, mars 1822.
  2. Lettre à M. Dacier sur les Hiéroglyphes phonétiques.
  3. Précis du système hiéroglyphique.
  4. Voir l’introduction de mes Recherches pour servir à l’histoire de l’Égypte, p. XXIII et XXIV (Paris, 1823).