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LIMOËLAN.
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M. de Limoëlan fut un de œs hommes extraordinaires dont la gloire s’est perdue dans les guerres civiles de la révolution. Capitaine aux dragons de Noailles, il donna sa démission en 1790, et se jeta dans une ligue de gentilshommes qui prit le nom de confédération poitevine et qui échoua. Bientôt après il devint l’un des chefs militaires de cette fameuse conjuration de La Rouarie qui devait arrêter les progrès de la révolution.

La Rouarie mort, la conjuration découverte, Limoëlan s’enfuit à Jersey et repassa secrètement en France aux premiers soulèvemens de la Vendée ; mais il était signalé dès long-temps à la police révolutionnaire, et son château de Lagrange, sur les bords de la Loire, fut l’un des premiers pillés et brûlés. Son fils, très jeune enfant, fut sauvé par un métayer qui le cacha sous du fumier et lui dit de faire le mort. Mme de Limoëlan avait péri. L’enfant se rappelait que sa mère l’avait hissé par-dessus une fenêtre du rez-de-chaussée donnant sur le jardin, et sans doute elle s’était sacrifiée pour le sauver.

M. de Limoëlan emmena son fils à l’armée avec lui. Il faudrait ici quelques traits du caractère de cet officier. Sa physionomie était frappante ; il était d’une grande taille, sec et robuste, d’un visage maigre et vermeil, avec un grand nez d’aigle, des yeux étincelans et des che-