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nant Simon, et c’était là une nouvelle qu’il ignorait complètement.

L’orateur continua.

— Il importe de déjouer ces mesures et de presser l’exécution de ce qui a été résolu devant vous. L’association compte sur vous tous ; elle a pour gages vos actes passés, et, je puis le répéter pour la sûreté générale, il n’est pas un de nos chefs ou de nos agens qui n’ait exposé sa vie ou sa fortune pour la cause que nous défendons ; il n’en est pas un qui ne soit prêt à lui faire le sacrfice de ce qu’il a de plus cher au monde. Je passe aux décisions du conseil. — « 29 juin, jour de saint Pierre et saint Paul, marqué pour l’entreprise de Saint-Régent sur les Tuileries et les ministères, rendez-vous des pelotons de la première division sur la rive gauche de la rivière, débarquement et distribution rapide des armes devant Saint-Florent. Je recommande la plus grande promptitude dans ce mouvement, d’où dépend le succès de la première journée. La distribution devant être faite au point du jour, on se met en marche à quatre heures. Jonction aux Ponts-de-Cé avec les divisions du Poitou. Prise d’armes le même jour de George à Morlaix, de Francueil à Vannes, de Guillaume au Mans, de Joseph à Rennes, de Thomas à Angers. En cas de contretemps, point d’hésitation. Les divers centres communiqueront par des estafettes marquées d’un ruban vert. Deux fusées partant de Laroche donneront le signal des mouvemens. Une seule indiquera le contre-ordre. Après la réunion et les engagemens prévus avec des postes détachés, marche combinée sur Paris. Le général Couëtus donnera ses ordres à Saint-Florent, et l’on me trouvera à Laroche au moment d’agir. » — Je vais faire l’appel sur la liste des signatures.

Parmi les noms, quoiqu’ils fussent pour la plupart défigurés et chargés de sobriquets, Hercule reconnut les principaux gentilshommes du voisinage, et plusieurs notamment qu’il croyait hors de France. Après que chacun eut répondu, le comte prononça lui-même le nom de Limoëlan, et, s’inclinant à son tour, il ajouta d’un ton simple :

— Qui a l’honneur de vous commander.

Il lut ensuite la formule suivante :

— Au nom de Dieu et du roi, sur mon honneur et ma conscience, je jure obéissance à mes chefs reconnus, je garderai le secret au prix de ma vie et de celle de mes proches, et de quelque personne que ce soit qui pourrait mettre l’alliance en péril.

Hercule un moment s’imagina que le comte avait tourné les yeux de son côté.

Un homme ouvrit le livre des Évangiles sur la table, et tous firent le