Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 9.djvu/806

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

côté-là ; mais si la Perse, d’accord avec cet état lui-même, emploie tous ses efforts à détruire cette sécurité qui était le seul objet de notre alliance avec elle, si elle ne s’occupe qu’à faciliter et à presser les desseins que cette alliance avait pour but de combattre, j’avoue que je ne puis nous croire encore tenus à la lettre d’un traité dont l’esprit est si manifestement violé. Je n’hésite point à répéter encore, à confirmer une opinion très solidement établie chez moi : si nous voulons garder l’alliance de la Perse aussi long-temps que possible, il faut l’empêcher de prendre Hérat. »


On ne pouvait avoir ni plus de sens ni plus de fermeté : maintenir ses alliés dans le juste respect de l’amitié même qu’ils professent pour vous, c’est le vrai moyen de les garder en leur évitant les rencontres fâcheuses qui les font perdre. Cependant, à toutes ces instances, à toutes ces explications si claires et si pressantes, qu’est-ce que lord Palmerston répondait ? Au commencement de février 1833, il avait reçu toutes les lettres de novembre 1837, comme il avait reçu toutes celles de juin au mois d’août ; mais, toujours soigneux de décliner les embarras et de reculer les solutions, il feignait alors, comme il avait déjà feint, d’ignorer la situation tout entière. Il fermait les yeux sur les dépêches les plus alarmantes, et parfaitement informé de la rupture déclarée, le 11 juillet, par le gouvernement persan, de l’arrivée des agens russes dans le Kaboul, de l’ouverture des hostilités sous la direction du comte Simonich, de tous ces graves évènemens où le cabinet de Saint-Pétersbourg se trouvait de plus en plus impliqué, lord Palmerston ne songeait encore à parler que du messager insulté, parce que, sur ce point-là du moins, on pouvait prendre la Perse toute seule à partie. Quant au reste, on verrait plus tard.


« J’ai la satisfaction de vous informer que le gouvernement de S. M. approuve entièrement la direction que vous avez prise et la marche que vous avez suivie dans toutes les matières auxquelles se rapportent vos dépêches.

« Je remets à vous envoyer de plus amples instructions relativement aux affaires dont vous traitez jusqu’à ce que vous m’ayez informé de la réponse faite par le gouvernement persan aux demandes très convenables que vous lui avez adressées. »


Lord Palmerston n’était pas heureux dans sa correspondance diplomatique. Le 4 août 1837, il certifiait la sincérité du rôle joué par le comte Simonich au moment même où celui-ci convenait de sa mauvaise foi. Le 12 février 1838, il attendait tranquillement les réparations du gouvernement persan au moment où M. M’Neill recevait l’assurance qu’on n’en ferait pas, et comme il avait différé tout exprès de donner d’autres instructions, son envoyé se trouvait les mains liées