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à la vue des monumens, l’état des sociétés qui les virent construire, elle nous fournit un des meilleurs moyens d’investigation, un des plus sûrs instrumens de critique historique.


Nous voici au terme de cet essai.

Pour parvenir à notre but, c’est-à-dire pour déterminer à quelle époque doit avoir été construite l’église Notre-Dame de Noyon, nous avons suivi successivement deux routes différentes : l’une purement historique, l’autre théorique.

Historiquement, nous nous sommes appuyé, à défaut de preuves plus directes, sur quelques faits d’une certitude incontestable qui nous ont permis d’établir par induction la date dont nous avions besoin.

Théoriquement, nous avons essayé de démontrer que les monumens du moyen-âge, et particulièrement ceux de l’époque à ogive, se prêtent à une classification méthodique fondée sur des lois constantes, et nous servant de cette classification comme d’un moyen de contrôle, nous avons reconnu qu’elle confirmait en tous points les inductions tirées de nos recherches historiques.

Enfin, pour justifier encore mieux ces inductions, nous nous sommes livré à une étude particulière de l’époque à laquelle notre monument nous semblait appartenir, l’époque de transition ; nous en avons tracé les limites, nous en avons fixé, autant qu’il est possible, les subdivisions chronologiques ; puis, nous plaçant à un point de vue plus général, nous avons indiqué dans quel sens devraient être dirigées les recherches de ceux qui aspirent à connaître la véritable signification historique de la révolution architecturale que cette époque a vu s’accomplir.

De quelque manière qu’on envisage l’église Notre-Dame de Noyon, qu’on l’examine avec le microscope de l’archéologue, ou avec le coup d’œil de l’historien, on y trouvera une ample matière à observations, un sujet d’études neuves et fécondes. C’est une mine que nous n’avons pas la prétention d’avoir exploitée : puissions-nous seulement avoir réussi à en signaler la richesse et l’importance.


L. VITET.