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une ardente propagande catholique. Paris aimait les princes qui traversaient ses rues entourés d’une pompe royale, et dont le luxe alimentait son commerce ; mais sa riche bourgeoisie avait très peu de goût pour les hobereaux du Béarn et de la Saintonge, qui joignaient à l’orgueil de leurs vieux parchemins la morgue austère du calvinisme.

L’organisation de cette grande cité rendait facile la formation d’une puissante association dont le pouvoir municipal était la base en même temps que l’instrument. Malgré les réformes introduites par nos rois dans l’administration de la ville de Paris après les grandes séditions du XVe siècle, toutes les fonctions importantes continuaient à émaner de l’élection, et la souveraineté de la capitale était aux mains de son corps municipal. Ses échevins gardaient les clés des tours qui en protégeaient l’enceinte. Les corporations d’arts et métiers, les confréries diverses, choisissaient sans contrôle leurs syndics et leurs prévôts ; les habitans réunis sous leurs bannières dans les halles ou dans les cloîtres élisaient les chefs de la garde bourgeoise, depuis les colonels jusqu’aux dizainiers, et cette garde nationale, constituée sans intervention royale, devint l’armée même de la ligue. Les seize quartiers de Paris obéissaient à seize quarteniers investis de toutes les attributions de police et d’une haute autorité morale. Ces seize magistrats furent les chefs naturels du grand mouvement municipal. Comment n’en aurait-il pas été ainsi ? L’autorité de la magistrature élective s’exerçait d’une manière à peu près absolue sur la force publique et sur les finances de la capitale ; aux délégués de la bourgeoisie, conseillers, avocats, procureurs et greffiers au parlement, marchands de la rue Saint-Denis et du Pont-au-Change, appartenait le droit d’armer les citoyens, de les convoquer au son du beffroi, de tendre les chaînes dans les rues, de réglementer les industries et de veiller à la police urbaine. Cette société, que le pouvoir ne s’était point assimilée, vivait de sa vie propre dans toute l’énergie de ses instincts et de ses croyances. Symbole de l’unité nationale devant l’étranger, la royauté du XVIe siècle exerçait une mission plus militaire qu’administrative. Placée entre l’autorité morale de l’église et la puissance de corps indépendans, elle n’avait la main ni sur les intérêts, ni sur les consciences, et lorsqu’un grand ébranlement était imprimé à l’opinion, celle-ci ne voyait s’élever aucune digue devant son cours.

Tous les historiens s’accordent pour attribuer à l’avocat David, l’un des chefs de la bourgeoisie parisienne, la pensée de réunir dans une ligue commune les nombreuses associations organisées dans les provinces