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Son nom jamais n’attristera mes vers.


Il y a des sujets sur lesquels il faut glisser ; en voulant flatter le patriotisme, on le blesse. Quant à la nouvelle sortie que M. Victor Hugo fait contre la philosophie, nous ne pouvons y voir qu’un caprice peu digne de sa haute gravité ; la philosophie et la poésie sont sœurs, l’une enseigne ce, que l’autre chante. Est-ce une revanche que l’auteur des Orientales voudrait prendre sur l’auteur de la République ? Platon au moins ne chassait que les poètes, il absolvait la poésie ; nous aimons à croire que M. Hugo fait tout le contraire, et qu’il tolère les philosophes tout en bannissant la philosophie ; car comment imaginer qu’un si sérieux esprit en veuille aux choses à cause des hommes ?

En somme, la séance académique de jeudi est l’une des plus brillantes à laquelle nous ayons jamais assisté. Rien n’a manqué à l’éclat de cette fête vraiment littéraire, où M. Villemain est venu reprendre ses fonctions de secrétaire perpétuel. Aux vifs et universels applaudissemens qui l’ont accueilli dès son entrée, l’illustre écrivain a pu juger de la joie sincère qu’on avait de le voir rendu aux lettres, comme déjà il l’était à l’amitié.


CHARLES LABITTE.