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que produisaient leurs échanges ; les princes les traitaient avec distinction. Le crédit dont jouissaient cette profession et celle des lettrés, et le rang qui leur était attribué, sont bien dignes de remarque et sont propres à donner une idée favorable de l’avancement de ces peuples. Dans l’enfance des sociétés, toute l’importance est dévolue sans partage au guerrier et au prêtre.

L’esclavage subsistait cependant parmi eux, mais il était tout personnel, et ne se transmettait point par la naissance. C’était chez eux une maxime de droit public, que l’homme naît libre. L’esclave conservait deux droits civils qu’on regarde non sans raison comme incompatibles avec l’esclavage, celui de la propriété et celui de la famille. On était réduit à cette condition par arrêt des tribunaux dans les procès criminels, pour dettes envers l’état, ou lorsqu’on s’y résignait soi-même en se vendant. Les parens avaient la faculté de trafiquer ainsi de leurs enfans. Les lois protégeaient l’esclave et stipulaient ses droits avec rigueur. Le maître traitait l’esclave avec ménagement comme un membre de la famille, ainsi que nous le voyons en Orient ; il arrivait rarement qu’il le vendît, à moins de vice ou de penchant prononcé à la désobéissance. Il va sans dire que les prisonniers de guerre étaient mis en esclavage, lorsqu’on ne leur faisait pas un plus mauvais parti.

Les lois étaient promulguées régulièrement, et des tribunaux étaient chargés de les appliquer. Parmi les Aztèques, il y avait trois juridictions, dont le premier degré était électif, et le dernier se réduisait, pour chaque division du territoire, à un seul juge nommé par le prince, inamovible, des arrêts duquel il n’y avait point appel même au souverain. Dans les affaires civiles cependant, la juridiction n’avait que deux degrés. Dans le royaume de Tezcuco, l’organisation judiciaire était différente, mais toujours conforme aux principes de la raison et de l’équité. La loi mexicaine était partout d’une sévérité extrême ; la peine de mort s’y montrait sans cesse : peine de mort pour le meurtre, pour l’adultère, pour certains vols spécifiés ; peine de mort pour le propriétaire qui déplaçait les bornes des champs ; peine de mort même pour le fils de famille qui se livrait à l’ivrognerie ou qui dissipait son patrimoine. En comparaison du bon roi Nezahualcoyotl, auteur d’un code qui du royaume de Tezcuco était passé chez les princes ses voisins, le terrible Dracon est un législateur plein de mansuétude.

L’administration veillait à un grand nombre de besoins publics. Le service des impôts se faisait avec exactitude et rigidité. Les taxes se payaient en denrées ou en produits ; de vastes greniers et d’immenses magasins étaient destinés à les recevoir. Malheur au contribuable qui