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France, dans un avenir prochain, des compensations pour tous les sacrifices qu’elle a nécessités. Il ne faut pourtant pas trop se flatter sur ce point, car il est probable que la présence d’une armée tous les jours de plus en plus forte entre pour quelque chose dans ce débit croissant de nos marchandises ; et ce qui tend à faire croire que c’est avec notre propre argent qu’elle nous achète nos produits, c’est qu’elle ne figure qu’au 35e rang dans nos importations.


VII - COMMERCE PAR TERRE ET PAR MER

Des deux voies que le commerce extérieur peut prendre, la terre ou la mer, cette dernière est de beaucoup la plus suivie. Dans l’ensemble du mouvement du commerce extérieur, transit compris, le commerce par mer figure, en effet, pour 1,658 millions, ou 71 p. 100, et le commerce par terre pour 682 millions, ou 29 pour 100. Le commerce par mer a donc porté sur plus des deux tiers de la totalité des valeurs échangées. A quoi faut-il attribuer une différence si forte ? La France a sans doute un grand développement de côtes maritimes, et comme la mer conduit partout, jusqu’aux pays les plus lointains, il est juste d’ajouter qu’elle est la voie par excellence. Toutefois ces deux circonstances n’expliqueraient pas suffisamment la préférence si large qu’on lui donne. La cause en est plutôt dans les droits différentiels qui, pour la plupart des marchandises, favorisent les transports par mer.

A quoi nous servent pourtant ces faveurs accordées aux transports maritimes, si ce n’est pas notre propre navigation qui en profite ?

Dans le total des valeurs transportées par mer en 1844 (1,658 millions), la part des pavillons français et étrangers a été :

Pour les navires français, de 764 millions, ou 46 pour 100 ;
Pour les navires étrangers, 894 millions, ou 54 pour 100.

Mais il est bon de faire remarquer que la part des navires français, bien qu’inférieure déjà à celle des navires étrangers, comprend ici la navigation réservée, c’est-à-dire celle qui se fait avec nos colonies, et dont les navires étrangers sont exclus. La navigation réservée ayant porté en 184 sur une valeur de 250 millions, ou 15 pour 100 du mouvement général, il reste, pour la navigation de concurrence, la seule pour laquelle nos navires entrent en partage avec les navires étrangers, et qui puisse faire l’objet d’une comparaison utile, 514 millions, ou 31 pour 100.

Ainsi la part des navires étrangers est bien, comme on le voit, de 54