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de bascule devient une nécessité de la situation dans laquelle le premier ministre s’est placé.

Cependant la ligue garde une attitude de défiance et de menace. La campagne va commencer ; les armes et les munitions sont prêtes. Les chefs de cette croisade, qui ont déjà levé, dans l’intérêt de leur propagande, une contribution de 100,000 livres sterling, en demandent aujourd’hui 250,000, et Manchester, en un seul jour, vient d’en souscrire 60,000 pour sa part. Quelles convictions ou quels intérêts que ceux qui inspirent de tels sacrifices ! M. Cobden déclarait la semaine dernière, à Manchester, que l’abrogation des lois sur les céréales suffirait pour dissoudre la ligue ; mais il ajoutait en même temps que, dans le cas où l’aristocratie toucherait à l’assiette de l’impôt, elle ferait naître une autre ligue, et obligerait la classe moyenne à soulever les classes laborieuses contre cette nouvelle forme d’oppression. Le moment est donc solennel et l’occasion décisive ; il dépend de sir Robert Peel d’étouffer ou de semer dans les esprits les germes de la guerre. On ne doit pas escamoter les réformes, quand on veut éviter les révolutions.


LÉON FAUCHER.