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et royauté chevaleresque. Les nouveaux documens qui nous ont servi à éclairer cette jeunesse restée obscure consistent surtout dans une multitude de petits faits qui le montrent associé par sa fortune, ses ancêtres, ses alliances, son tempérament, à la plus violente fraction du calvinisme. Déjà le tribun populaire s’est montré à diverses reprises, ainsi que le réformateur inexorable. C’est un homme positif qui a toujours réussi dans ses affaires de fermages, d’acquisitions, de vente de grains et d’influence personnelle ; c’est un homme de famille qui a élevé sévèrement ses enfans, protégé sa mère, et traité doucement la bonne ménagère sa femme ; mais c’est un adversaire terrible et impétueux dont la physionomie de lion, à l’œil fulgurant, aux traits massifs et entassés, tels que les présente le portrait de Cooper, épouvante déjà les ministres, et fait peur à Clarendon l’historien. Nous ne jugeons ni ses actes comme moraliste, ni sa doctrine comme chrétien ; seulement il est clair qu’il représente son temps. Les heures de mélancolie ardente et de désespoir digne de Hamlet, qu’il a passées dans la ville de Saint-Yves, et que n’a pas pu guérir le docteur Simcott, son médecin, prouvent assez la sincérité de cet homme, que l’on a souvent traité de fourbe. Outre diverses facultés de profondeur, de ruse et de force, il porte en lui-même la grande condition des triomphes : il est convaincu.


PHILARETE CHASLES.