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étaient rompues, et cette résolution de la cour impériale a été accueillie par l’opinion publique avec une satisfaction marquée. En résumé, ni à Rome, où l’empereur s’est incliné devant un vieillard, ni en Italie, où il a étonné plutôt que charmé les populations, ni dans l’Allemagne, qu’il a traversée avec rapidité, le tsar n’a rencontré les sympathies officielles ou populaires qu’il avait espérées. On assure que cet accueil l’a d’autant plus péniblement surpris, que le prince de Metternich aurait joué vis-à-vis de lui un double jeu en lui garantissant une réception cordiale à Rome, tandis qu’il engageait d’un autre côté le pape à mettre à profit l’occasion pour plaider énergiquement la cause des catholiques polonais. Ainsi s’expliquent l’embarras qu’ont trahi les réponses de l’empereur au pape et l’impression de mécontentement qu’il rapporte de son voyage.

Une révolution vient d’éclater au Mexique. C’est chose commune dans ce malheureux pays. On serait tenté de croire que le besoin de renverser chaque année le gouvernement établi est passé, pour les Mexicains, à l’état de principe. L’année dernière, à pareille époque, Santa-Anna quittait le continent, expulsé par les armes et par un décret du congrès national. Aujourd’hui c’est le tour du président Herrera. Paredes, qu’on pourrait à juste titre surnommer le faiseur de présidens, vient de lever de nouveau l’étendard de la révolte à San-Luiz Potosi. Pour tous ceux qui ont suivi la marche du gouvernement élevé en 1845, ce résultat était prévu. En divisant, dès les premiers jours de son entrée au pouvoir, l’armée mexicaine en quatre cantonnemens placés sous les ordres de quatre des généraux les plus influens du pays, le président Herrera avait signé sa déchéance. On pouvait deviner dès-lors qu’au moindre sujet de mécontentement, les généraux divisionnaires, ayant leurs troupes sous la main, se prononceraient contre l’autorité, et, sous un gouvernement sans principes arrêtés, sans patriotisme comme sans énergie, le prétexte ne devait pas se faire attendre. Paredes a su le trouver dans les susceptibilités froissées de l’amour-propre national. Recourant à un mot magique qu’il avait souvent exploité contre Santa-Anna, la défense de l’intégrité du territoire, il s’est dirigé sur Mexico à la tête de huit mille hommes. Paredes compte sur l’appui du parti fédéraliste, « pour empêcher, dit-il, le congrès de signer avec les États-Unis une convention humiliante. » En réalité, on ne pouvait mieux servir les intérêts de l’Union. Les États-Unis n’en posséderont pas moins la Californie, et ils courent la chance d’obtenir davantage. Les deux alternatives qui se présentent aujourd’hui leur sont également favorables. Si Herrera, secouru par Santa-Anna, qu’il vient de rappeler, triomphe de Paredes, le traité dont ils pressent la conclusion sera signé. Si Paredes, au contraire, parvient à renverser le gouvernement actuel, les embarras de finances, les troubles sans fin qui suivent les révolutions, le défaut de ressources militaires, l’empêcheront de soutenir efficacement la guerre contre les États-Unis, à supposer qu’il ait vraiment l’intention de la faire, ce dont il est permis de douter. Les départemens septentrionaux du Mexique, qui ne peuvent déjà plus résister aux sauvages, résisteraient en-