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c’était tout ce qu’il y avait là des nôtres ; le reste était occupé à la poursuite. A la fin, le général Cavendish chargea les Lincolniens et les mit en déroute. Aussitôt je tombai sur ses derrières avec mes trois escadrons, ce qui l’embarrassa tellement, qu’il abandonna la poursuite et aurait bien voulu se défaire de moi ; mais je continuai à le presser, je culbutai sa troupe jusqu’au bas de la côte avec grand carnage : le général et plusieurs de ses hommes furent acculés dans une fondrière, où mon lieutenant le tua d’un coup d’épée dans les fausses côtes. Le reste de ce corps fut mis complètement en déroute, pas un homme ne tint pied.

« Après une défaite si totale de l’ennemi, nous ravitaillâmes la ville avec les vivres et les munitions que nous avions apportés. Nous Mines informés qu’il y avait à environ un mille de nous, de l’autre côté de la ville, six escadrons de cavalerie et trois cents fantassins. Nous demandâmes à lord Willoughby quatre cents hommes de son infanterie, et avec ces hommes et nos chevaux nous marchâmes à l’ennemi. Quand nous approchâmes de l’endroit où sa cavalerie était postée, nous revînmes avec mes escadrons à la poursuite de deux ou trois escadrons ennemis, qui se retirèrent dans un petit village au bas de la montagne. Quand nous revînmes sur la hauteur, nous vîmes au-dessous de nous, à environ un quart de mille, un régiment d’infanterie, puis un autre, puis le régiment du marquis de Newcastle, en tout environ cinquante drapeaux d’infanterie et un corps considérable de cavalerie ; — c’était bien l’armée de Newcastle. Son arrivée si inattendue nous fit tenir conseil de nouveau. Lord Willoughby et moi, étant dans la ville, nous convînmes de rappeler notre infanterie. Je sortis pour les délivrer ; mais, avant mon arrivée, plusieurs de nos fantassins étaient engagés ; l’ennemi avançait avec toutes ses forces. Notre infanterie se retirait en désordre avec quelque perte et regagna la ville, où nous sommes maintenant. Notre cavalerie eut aussi peine à se tirer d’affaire ; les hommes et les chevaux étaient fatigués d’un long combat ; cependant ils firent face à la cavalerie fraîche de l’ennemi, et par plusieurs mouvemens ils se dégagèrent sans perdre un homme, l’ennemi suivant leur arrière-garde.

« L’honneur de cette retraite est dû à Dieu, ainsi que tout le reste. Le major Whalley s’est comporté avec le courage qui convient à un gentilhomme et à un chrétien. Ainsi vous avez le rapport véridique, aussi bref que je l’ai pu. Il reste à présent à considérer ce que vous devez faire en cette circonstance. Que le Seigneur vous inspire ce qu’il faut faire.

« Messieurs, je suis votre fidèle serviteur,

« OLIVIER CROMWELL. »


A la bonne heure ! Olivier Cromwell est fort content, et ce double élément de Bible et de guerre semble merveilleusement lui convenir. L’œil fixé sur le Seigneur, « il sabre, il fait carnage, il travaille de l’épée et du pistolet pendant un joli espace de temps ; » c’est évidemment