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Mayor, beau-père de Richard Cromwell, et que le puritain aimait fort, reçut aussi la lettre que voici :


Pour mon bon frère, Richard Mayor, écuyer, à Hursley, cette lettre.

« Dunbar, 4 septembre 1650.

« CHER FRÈRE,

« Ayant une occasion aussi belle que celle de faire part d’une si grande miséricorde que celle que le Seigneur a daigné répandre sur nous en Écosse, je n’ai pas voulu négliger de vous en faire part, tout surchargé d’affaires que je le suis.

Mercredi, nous avons combattu les armées écossaises. D’après tous les calculs, elles se montaient à plus de vingt mille hommes ; nous en avions à peine onze mille, et il y avait beaucoup de malades dans notre armée. Après avoir long-temps invoqué Dieu, nous combattîmes plus d’une heure. Nous avons tué à l’ennemi, d’après ce que l’on croit généralement, trois mille hommes ; nous avons fait près de dix mille prisonniers, pris toute leur artillerie, environ trente canons grands et petits, outre les boulets, les mèches et la poudre, et des officiers supérieurs, environ deux cents drapeaux et plus de dix mille armes. Nous n’avons pas perdu trente hommes. C’est l’œuvre de Dieu, et elle est merveilleuse à nos yeux. Mon bon monsieur, reportez-en toute la gloire à Dieu ; animez tous les vôtres et tous ceux qui vous entourent. Priez pour votre affectionné frère,

« OLIVIER CROMWELL. »

« Je vous prie de présenter mes amitiés à ma chère sœur et à toute votre famille. Dites, je vous prie, à Dorothée que je ne l’oublie pas, non plus que son marmot. Elle m’écrit avec beaucoup trop de cérémonie et de complimens ; j’attends d’elle une lettre tout unie. Elle est trop pudique pour me dire si elle est enceinte ou non. Je demande à Dieu de répandre sa bénédiction sur elle et sur son mari. Le Seigneur rend féconds tous ceux-là qui sont bons. Ils ont le loisir d’écrire souvent, mais vraiment ils sont paresseux l’un et l’autre, et ils méritent le blâme. »


Après quoi il marcha sur Édimbourg, pour achever sa conquête, et adressa aux ministres rebelles la petite admonestation suivante :


Pour l’honorable M. le gouverneur du château d’Édimbourg, cette lettre.

« Édimbourg, 9 septembre 1650.

« MONSIEUR,

« La bonté que l’on a montrée à vos ministres l’a été de bonne foi, pensant qu’elle aurait pu être payée de retour ; mais je suis bien aise de dire aux gens de votre parti, que, s’ils avaient toujours en vue le service de leur maître (comme ils appellent cela), la crainte d’éprouver des pertes n’aurait pas causé