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À ma femme chérie, Élisabeth Cromwell, au Poulailler, cette lettre.

« Édimbourg, 16 avril 1651.

« MA TRÈS CHÈRE,

« Je loue le Seigneur de ce que je suis augmenté en force dans mon homme extérieur ; mais ce n’est pas assez pour moi, à moins que je n’aie un cœur pour mieux aimer et servir mon père céleste, et que je n’obtienne un plus grand rayon de la lumière de sa face, laquelle vaut mieux que la vie, et que je n’aie un plus grand pouvoir sur mes corruptions. — J’attends dans ces espérances, et je ne suis pas sans espoir qu’elles me soient gracieusement exaucées. Prie pour moi ; vraiment je le fais tous les jours pour toi et pour toute la chère famille, et que Dieu tout-puissant répande sur vous ses bénédictions spirituelles.

« Fais penser la pauvre Betzy à la grande miséricorde du Seigneur. Oh ! je la prie de chercher le Seigneur non-seulement quand elle a besoin de lui, mais de se tourner vers le Seigneur en action et en vérité, et de ne pas s’éloigner de lui, et de se méfier de la faiblesse de son propre cœur et des tentations des vanités mondaines et des compagnies mondaines, ce à quoi je crains qu’elle soit trop portée. Je prie souvent pour elle et pour lui[1]. Véritablement, ils me sont chers, bien chers, et je crains que Satan ne les trompe, — sachant combien nos cœurs sont faibles et combien l’adversaire est subtil, et comment la trahison de nos cours et la vanité du monde ouvrent la voie à ses tentations. Que le Seigneur leur donne la sincérité du cœur envers lui. Qu’ils le cherchent en sincérité, et ils le trouveront.

« Mon amour aux chers enfans ; je prie Dieu de leur accorder sa grace. Je les remercie de leurs lettres : qu’ils m’écrivent souvent.

« Méfiez-vous des visites de milord Herbert chez vous. S’il en fait, cela peut causer du scandale, comme si j’étais en marché avec lui., Vraiment, soyez prudente ; — vous savez ce que je veux dire. Faites penser sir Henry Vane à l’affaire de mes biens. M. Floyd connaît toutes mes intentions à cet égard.

« Si Richard Cromwell et sa femme sont auprès de vous, assurez-les de ma tendresse. Je prie pour eux ; Dieu le permettant, je leur écrirai. Je les aime bien tendrement. En vérité, je ne puis pas encore écrire long-temps ; je suis fatigué, et suis ton

« OLIVIER CROMWELL. »


Ces affections domestiques semblent reposer l’ame violente du puritain et du guerrier, qui continue à serrer de près Charles II et ses partisans écossais, et qui n’en écrit pas moins à sa femme :

  1. Élisabeth Claypole et son mari.