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FENELON.




SES ECRITS POLITIQUES, RELIGIEUX ET LITTERAIRES.




On a vu dans la querelle du quiétisme[1] le trait principal de Fénelon. La même chose a été comme l’aiguillon de ses grandes qualités et la cause de ses erreurs, soit de doctrine, soit de conduite : c’est cette confiance au sens propre qu’il semble représenter dans le XVIIe siècle, comme Bossuet représente le sens commun, la tradition. C’est encore, pour traduire cette idée dans le langage de notre temps, l’esprit de liberté opposé à l’esprit de discipline, lequel est plus cher aux hommes, dont il flatte les passions et caresse l’orgueil, et plus aimable, parce qu’il parle plus à l’imagination.

Est-ce donc à dire que Fénelon soit le premier ou le seul écrivain du XVIIe siècle où l’esprit de liberté se soit fait sentir ? Bien loin de là. Cet esprit souffle dans tous les ouvrages sortis de mains de génie, et ce serait un sujet intéressant d’en faire l’histoire spéciale au milieu des grandeurs du siècle de Louis XIV ; mais il y est contenu, réglé, et comme contrebalancé par l’esprit de discipline. L’opposition est toujours mêlée de déférence et de respect. Il se passe au sein de la

  1. Revue des Deux Mondes du 15 juillet 1845.