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et révèle partout les efforts de l’auteur. Les figures manquent de vie, et, si c’est là une fête, au moins devons-nous dire que c’est une fête sans joie, sans plaisir et sans mouvement. M. Van Hove fils, de La Haye, a montré dans son Rembrandt plus d’habileté, plus de pratique. Toutefois il est évident que le sujet choisi par M. Van Hove ne comportait pas d’aussi grandes dimensions. C’est une donnée du genre anecdotique et que l’auteur aurait dû traiter dans un cadre beaucoup plus petit. Les figures ne sont pas très animées, et l’architecture laisse beaucoup à désirer sous le rapport de la perspective ; malgré ces défauts, je préfère le Rembrandt de N. Van Hove à la Fête de M. Leys. On pourrait demander de bonne foi pourquoi ces tableaux nous viennent d’Anvers et de La Haye ; mais ce serait une question indiscrète.

Une Fouille dans la campagne de Rome, de M. Charles Nanteuil, offre plusieurs parties étudiées avec soin. Le paysage a de la profondeur, le pin qui occupe le milieu de la toile est élégant et d’un bon dessin. Les tronçons de colonne ne paraissent pas avoir une solidité suffisante. Les buffles tirent bien, et le cavalier qui les anime est plein de vigueur. Malgré toutes ces qualités, la composition de M. Nanteuil ne présente pas tout l’intérêt qu’elle aurait certainement, s’il eût adopté un parti plus franc, s’il eût subordonné le paysage aux figures ou les figures au paysage. L’attention indécise se partage entre le paysage et les figures, ce qui est un grave inconvénient.

Deux petites toiles de M. Alfred Arago se recommandent par le mérite de la simplicité. La Récréation de Louis XI est une composition qui s’explique bien, dont l’exécution pourrait être plus serrée, plus complète, mais qui cependant n’offre pas d’incorrection grave. Les Moines attendant une audience du pape près d’un des escaliers intérieurs du Vatican sont très heureusement éclairés. Il faut regretter que l’auteur n’ait pas pris la peine de modeler les têtes qu’il avait si bien groupées ; il s’est contenté de les indiquer, et ne leur a pas donné la forme et l’épaisseur qu’elles doivent avoir. Néanmoins ces deux petites toiles sont un début d’heureux augure, et nous espérons que M. Alfred Arago se montrera désormais plus sévère pour lui-même et ne se contentera plus d’une exécution incomplète.

Une Halte dans les Basses-Pyrénées, de M. Édouard Hédouin, offre des personnages habilement groupés. On pourrait demander aux terrains plus de solidité. Toute la partie lumineuse du tableau se comprend à merveille ; mais les rochers placés à gauche ne sont pas modelés avec assez de précision et nuisent à l’effet des figures par la mollesse de leurs contours,

La reine Victoria dans le salon de famille au château d’Eu, de M. E. Lami, ne se recommande ni par l’éclat de la couleur, ni par la vivacité des physionomies ; mais on ne peut nier que les personnages ne soient