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LES


FEMMES TOURISTES


DE LA GRANDE-BRETAGNE.




On dirait que les voyageuses anglaises se sont partagé le monde. Devant moi, cinquante-deux volumes éclos de la plume de vingt-sept dames, -demoiselles, spinsters, ladies, governesses, marquises, comtesses, duchesses, femmes de marchands, de capitaines ou de pairs du Royaume-Uni, femmes à la mode, femmes de juges habitant les « jungles » de l’Hindoustan, ou de colons de la Nouvelle-Galles du Sud, filles de ces héroïques aventuriers qui vont abattre les chênes séculaires sur les bords du Mississipi et fonder quelque ville inconnue du côté du Texas, — prouvent bien que le globe appartient aux femmes anglaises. Depuis un siècle et demi, des cargaisons de demoiselles à marier sont annuellement expédiées de Londres à Calcutta, et vont embellir la lugubre opulence des nababs. Quelques-unes partent en riant pour l]’Australasie ou la tierra caliente de l’Amérique méridionale. Il y en a qui vont se perdre, armées d’un crayon et d’un album, à l’ombre des pyramides et dans les chambres souterraines construites par Chéops et Psammetichus ; d’autres qui vont causer avec Méhémet-Ali, et lui demander un brin de sa barbe pour le placer dans leur repository ; d’autres qui, moins aventureuses, endossent l’amazone de drap bleu, sautent lestement sur Fanny, la jument noire, et chevauchent,