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quelques résultats numériques, à ceux qu’on trouvera dans Cosmos, nous avons voulu donner aux personnes peu familières avec ce genre d’études une idée d’un des plus beaux travaux de M. de Humboldt. C’est au livre lui-même que nous renverrons le lecteur curieux de connaître les conséquences principales qu’il a été possible de tirer de ces faits fondamentaux, de ces données premières. Plus qu’aucune autre partie de l’ouvrage, le tableau des climats tracé par M. de Humboldt est fait pour montrer comment, à mesure que nos connaissances s’étendent et se complètent, elles dévoilent les rapports intimes existant entre les phénomènes les plus éloignés en apparence. Pour expliquer pourquoi, dans nos petites îles bretonnes, la neige tient rarement pendant vingt-quatre heures, il faut chercher la cause de ce fait dans la configuration des continens, dans les courans marins équatoriaux, dans les mouvemens que la chaleur solaire imprime à l’atmosphère des tropiques, et jusque dans la forme générale, jusque dans la rotation de notre planète.


III.

M. de Humboldt n’a consacré que quelques pages de Cosmos à la nature organique représentée à la surface du globe par le règne animal et le règne végétal. C’est avec une vive peine que nous avons vu cette espèce d’oubli. Il est assez de mode parmi les hommes livrés aux études physiques d’afficher un dédain réel ou affecté pour les sciences qui cherchent à pénétrer les mystères de l’organisation. Mieux que tout autre, M. de Humboldt aurait pu montrer ce qu’ont d’injuste et de peu philosophique de pareilles préventions. C’est en grande partie pour s’être occupé de sciences naturelles qu’il a su se faire une place à part et des plus élevées parmi les savans qui ont pris la physique générale pour but de leurs études. La géographie botanique est un de ses plus beaux titres de gloire, et en faisant la part plus large à cette science dont il peut à bon droit se dire le père, en y joignant les considérations élevées que la géographie zoologique aurait certainement fait naître dans son esprit, M. de Humboldt, fidèle à ses propres traditions, aurait rendu à ces deux sciences un service de plus.

Tout en admettant que les végétaux et les animaux sont soumis à l’action des mêmes forces que les corps bruts, M. de Humboldt reconnaît que chez les êtres vivans ces forces agissent dans des conditions peu connues. A cet égard, nous avons trop souvent fait notre profession de foi dans cette Revue pour qu’on soit surpris de nous entendre dire que ces conditions mystérieuses ne sont à nos yeux autre chose que l’intervention d’une force spéciale, de la vie. Qu’on ne se méprenne pas sur le