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DE


LA SATIRE EN FRANCE


AU MOYEN-AGE.




I. Poésies populaires latines antérieures au douzième siècle, par M. Édélestan Du Méril ; Paris, 1843, 1 vol. in-8o.

II. Collection of Early latin Stories, by M. Wright ; 1 vol., 1845.
III. Reliquiœ antiquœ, by Wright and Halliwell ; 2 vol., 1845.

IV. Li Romans de Garin le Loherain, publié par MM. P. Paris et Du Méril ; 1833 et 1846.




Le père de la poésie moderne, Dante Alighieri, a jeté sur la critique un de ces regards qui portent la lumière. Il a divisé hardiment tout le champ de la poésie en deux parts : la tragédie et la comédie. La question de forme n’est pour rien dans ce partage : chant, récit ou dialogue, peu lui importe. La tragédie n’est pas pour lui le drame ; la comédie peut n’avoir rien de commun avec le théâtre. Ce ne sont plus des genres littéraires, mais des points de vue philosophiques.

C’est qu’en effet dans toute littérature il y a deux sentimens créateurs : l’enthousiasme et la moquerie. A dire vrai, ce sont deux forces qui mènent toute société ; l’une l’entraîne vers l’idéal, c’est-à-dire vers l’avenir ; l’autre la pousse hors du présent et la contraint à marcher. Celle-ci, comme dit Schelling, est la véritable Némésis, l’invisible puissance ennemie du présent, en tant qu’il s’oppose à la naissance de l’avenir.

Cette double inspiration, manifeste dans la littérature ancienne, ne pouvait manquer au moyen-âge, époque si vivante et si originalement complète. Seulement