ET
DE LA CRITIQUE
EN ALLEMAGNE
Malgré l’admiration confiante que nos romanciers à la mode professent pour eux-mêmes, et en dépit des hymnes entonnés par leurs disciples avec une parfaite obéissance, l’état de la poésie et de ce qu’on appelle encore l’imagination préoccupe à bon droit les ames les moins chagrines ; si nous voulons pourtant nous consoler de nos misères, nous n’avons qu’à jeter les yeux sur les pays voisins. Triste consolation, hélas ! on aimerait mieux aller chercher à Londres ou à Berlin les plaisirs qui nous manquent ici, et opposer, comme Mme de Staël, aux dernières œuvres d’une littérature appauvrie les exemples vivifians de Goethe ou de Jean-Paul. L’amour-propre se résignerait facilement, et les pures jouissances de la pensée feraient taire les scrupules du patriotisme. Non, cette ressource-là nous manque ; ni l’Angleterre, ni l’Allemagne, ni l’Espagne, ni l’Italie, ne nous donneraient aujourd’hui ce que nous cherchons inutilement autour de nous. Que la culture intellectuelle