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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 15.djvu/328

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MADELEINE.

QUATRIÈME PARTIE.[1]

XI.

Le moment était propice pour faire de la sculpture en bois. Depuis long-temps négligée, à peu près perdue, cette branche de l’art venait de refleurir au souffle capricieux de la mode. Qu’on s’en souvienne, nous étions alors en plein moyen-âge. La littérature s’était faite gothique pour se rajeunir. Le goût dominant dans la poésie avait envahi tous les arts du dessin. Peinture, statuaire, architecture, ne relevaient que du moyen-âge. Par un entraînement naturel, les ameublemens avaient suivi la même pente. On commença par dévaliser bon nombre de châteaux de province pour satisfaire l’engouement parisien ; puis, quand les bahuts, les dressoirs, les crédences, les fauteuils sculptés, armoriés, manquèrent sur la place, quand le vrai moyen-âge fit défaut, force fut bien de créer un moyen-âge de toutes pièces. Le noyer, le chêne, le poirier, façonnés par des mains habiles, dupèrent heureusement plus d’un connaisseur, et cette ruse innocente enrichit quelques artistes privilégiés. Par l’entremise de Pierre Marceau, Maurice se trouva chargé presque aussitôt de travaux assez importans ; il put, en peu de mois, sinon répandre autour de lui l’aisance et le bien-être, du moins se mettre à l’abri du besoin avec les deux créatures qui

  1. Voyez les livraisons des 1er, 15 juin et 1er juillet.