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la caisse ; le patna, 720 piastres ; le benarés, 690, de sorte qu’en prenant le prix moyen de 740 piastres (4,018 fr. 20 c.) par caisse, on arrive à un total de 200,910,000 fr.- Nous trouvons donc, en additionnant les produits connus de l’importation générale et ceux de l’importation de l’opium en Chine pendant l’année 1844, la somme de 319,310,000 francs. Il nous manque des données certaines sur les importations qui se sont faites à Changhaï et à Amoy, sous pavillon autre qu’anglais, ainsi que sur celles de Fou-tchaou-fou, qui ont été très minimes. Ces trois importations ne sauraient dépasser deux millions. Ainsi le commerce total d’importation en Chine, pendant l’année 1844, a été d’environ 320 millions, dont 120 d’importation légale, et 200 de contrebande.

Les exportations de Canton, ont été, pendant cette même année, de 138,541,000 f. ; — celles de Ning-po, de 579,000 fr. ; — les exportations anglaises de Changhaï, de 12,188,000 fr. ; — les exportations anglaises d’Amoy, pendant le premier semestre, de 51,000 fr. ; — les exportations totales d’Amoy, pendant le second semestre, de 984,000 fr., ce qui donne une somme de 152,343,000 fr. pour le total des exportations de 1844, sauf celles de Changhaï pendant l’année, et celles d’Amoy pendant le premier semestre, sous pavillon autre qu’anglais. On peut les évaluer à un million. Le total général est donc d’environ 153,000,000 fr., qui, retranchés du chiffre des importations, donnent pour celles-ci un excédant de 167 millions, soldé par les Chinois en argent saï-ci[1].

En additionnant les importations et les exportations de la Chine en 1844, on trouve, pour total du commerce général, 473 millions.

Dans ce chiffre, l’Angleterre figure pour environ 380 millions. Le nombre des navires anglais qui ont visité les cinq ports, pendant cette année, a été de 310, dont 228 chargés pour Canton. Le commerce de l’Amérique a été de 49,580,000 fr. D’après les documens que nous avons pu recueillir, son importation aurait été de 13,280,000 fr., dont 6,112,500 en piastres, car les produits de son sol et de ses manufactures que consomme la Chine sont loin d’équivaloir à ceux que l’Amérique tire de ce pays. L’exportation américaine s’est élevée à 36,306,000 fr. La différence de 23 millions entre les importations et les exportations a été payée par les États-Unis à la Grande-Bretagne en cotons en laine ; les Anglais ont, à leur tour, tenu compte aux Chinois de cette somme dans leurs importations. C’est par ces larges combinaisons que deux grands pays arrivent aux immenses résultats commerciaux que la France devrait se proposer comme exemple, et qu’elle se contente d’admirer.

  1. On appelle ainsi des lingots de différentes formes et de poids variable. Le plus souvent ces lingots affectent la forme d’un parallélogramme rectangle sur une de leurs faces, qui est unie et polie, tandis que l’autre reste arrondie et raboteuse. C’est en argent saï-ci que se font les recettes et les paiemens du gouvernement ; mais la monnaie la plus usitée en Chine est celle de cuivre appelée vulgairement cach, sapek, et en chinois-mandarin tchen. Ces petites pièces portent le nom de l’empereur régnant, et sont percées par le milieu d’un trou carré, dans lequel on passe une ficelle. On lie ainsi les cach par piles’ de cent qui se font suite et forment souvent de longues chaînes de mille et douze cents pièces, que les coulis ont l’habitude de porter sur les épaules ou autour du cou. Les tables des changeurs dans les rues sont couvertes de ces piles. Tous les petits marchés entre Chinois de l’intérieur se font en cach. On conçoit combien ce mode de paiement doit être long et gênant. Aussi les Chinois ont-ils adopté dans leur commerce avec les étrangers l’usage des piastres espagnoles.