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car il faudrait reprendre en quelque sorte les uns après les autres tous les problèmes qui se rattachent à l’agriculture considérée dans ses rapports avec l’économie politique et la législation. Il suffira, nous le pensons, de signaler quelques faits pour montrer qu’il y a de ce côté une activité féconde d’autant plus remarquable, que les ressources dont peuvent disposer les associations agricoles sont très restreintes. La moyenne des sommes qui leur sont allouées sur les fonds du ministère de l’agriculture et les budgets départementaux s’élève à peine à 550 fr. pour celles qui sont le plus favorisées.

Les associations agricoles, sociétés ou comices, agissent d’une manière très diverse. La publication de leurs bulletins, irrégulière dans certaines localités, devient périodique dans d’autres, et prend souvent la forme d’une revue d’agriculture mensuelle ou trimestrielle. Ces bulletins contiennent par extraits des articles empruntés à la presse agricole, des notions disséminées dans une foule de livres qu’un prix élevé, quelquefois même la langue dans laquelle ils sont écrits, rendent inabordables à la majorité de ceux qu’ils pourraient intéresser ou servir. Ils contiennent en outre des articles ou même de simples notes rédigées au point de vue des applications locales, et c’est là certes un des meilleurs moyens de vulgariser les méthodes utiles, car, quel que soit l’entêtement du paysan dans la routine, il est tout disposé à se montrer docile aux avis, du moment ou il peut vérifier immédiatement l’exactitude des faits qui lui sont exposés, et les avis sont toujours bien reçus quand ils partent de personnes éclairées, unissant à l’autorité de la fortune l’autorité de l’expérience, et celle encore plus puissante de l’exemple[1]. Quelques sociétés adressent en outre des instructions aux cultivateurs, comme la société de l’Eure ; elles recueillent et publient des usages ruraux relatifs aux procédés de culture, ainsi qu’aux droits et aux obligations des propriétaires et des fermiers ; elles dressent des statistiques agricoles et présentent chaque année le tableau des améliorations les plus notables réalisées dans les communes soumises à leur action. Les distributions de prix ne sont pas moins profitables Ces prix sont de deux espèces les uns ont pour but d’encourager les nouvelles cultures, les nouvelles méthodes, les autres de récompenser les services rendus par les garçons de ferme, les bergers, etc. On donne en général des gerbes d’argent,

  1. Parmi les publications agricoles qui méritent d’être distiguées, nous mentionnerons, dans la région du centre, la plus arriérée peut-être de toute la France, la Revue du Cher, dirigée avec une grande intelligence par M. de Travanet, les Annales de la Société d’agriculture d’Indre-et-Loire, les Annales de l’Allier, le Propagateur agricole du Cantal ; — dans la région de l’est, le Bulletin du comice de Schisigheim, qui fait connaître toutes les améliorations agricoles réalisées en Allemagne ; le Bon Cultivateur, publié par la société de Nancy ; l’Agriculteur de la Société de Louhans ; les Notes agricoles de la Société d’Autun ; le Journal d’agriculture de l’Ain, qui contient dans presque tous ses numéros d’importans travaux de l’un de nos agronomes les plus habiles, M. Puvis ; — dans la région du midi, les Annales provençales d’agriculture pratique, le Bulletin de la Société centrale d’agriculture du Gard, les Annales agricoles de l’Averyron, le Bulletin de la Société centrale d’agriculture de l’Hérault ; — dans la région de l’ouest, l’Agriculture de l’ouest, organe de l’association bretonne, dirigée par M. Rieffel, qui fait pour l’ancienne Armorique ce que M. De Dombasle a fait pour les provinces de l’est ; la Normandie agricole, organe de l’association normande ; — dans la région du nord, le Comice de l’Aisne, le Journal de la Société d’Agriculture des Ardennes et les Mémoires des Sociétés de Douai, du Pas-de-Calais et de Lille.