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Escoutat del boun diou, nostre councer coummenço !
Quas refrins ! quinos bouès ! tenè, sy fan aney ;
Un canto pel la costo ; un aoùtre pel barèy.

Aquellos mountagnos
Que tan haoutos soun
M’empachon de beyre
Mas amous oun soun,
Bay cha-bous, mountagnos,
Plànos, haousa bous,
Perque posqui beyre
Oun soun mas amous.

El milo bouès, atal, brounzinan dins lous ayres,
Ban a trabès lous rideous blus
Fa rire lous angés lassus ;
La terro embaoumo lons cantayrès ;
Lous roussignols, sus brens en flou,
Canton may fort à qui millou ;
Tout bay justé, et pourtan digun bat la mesuro ;
Et per entendé tout, tan que lou councer duro,
Ma bigno es un sieti d’aounou,
Car plani de sul tap oun ma groto s’entrouno,
Sul paradis d’Agen, la coumbo de Berouno.


J’ajoute une traduction, la plus littérale possible :

« … Dans le Nord, vous avez de grandes choses, — des églises, des palais qui s’élèvent bien haut, et le travail de l’homme est plus beau chez vous ; — mais venez faire quatre ou cinq pauses sur les bords de la Garonne, aux beaux jours de l’été, — vous verrez que le travail de Dieu - nulle part n’est plus beau qu’ici ; — Nous avons des rocs revêtus de velours qui verdoient, — des plaines qui sont toujours dorées, — des combes où nous buvons un air salubre, - et, quand nous nous promenons, partout nous foulons les fleurs. — La campagne, à Paris, a bien des fleurs et des pelouses, — mais elle est trop grande dame ; elle est triste, somnolente. – Ici, mille petites maisons s’égaient sur le bord d’un ruisseau ; — notre ciel est riant, tout s’amuse, tout vit ! — Depuis le mois de mai, quand le beau temps arrive, — pendant six mois dans l’air une musique vibre. — A mille rossignols cent bergers font concurrence, — et tous chantent l’amour, l’amour qui est toujours nouveau. — Votre grand Opéra, surpris, ferait silence, quand le jour de la nuit déchire le rideau, — et que, sous un ciel qui s’enflammeè aussitôt, — écouté du bon Dieu, notre concert commence ! — Quels refrains ! quelle voix ! tenez, — l’un chante le long de la côte, l’autre dans les guérets : — Ces montagnes, — qui sont si hautes, — m’empêchent de voir - où sont mes amours. – Baissez-vous, montagnes, — plaines, haussez-vous, — afin que je puisse voir - où sont mes amours. — Et mille voix, ainsi, résonnant dans les airs, — vont, à travers les rideaux bleus, — réjouir les anges là-haut. — La