pour envelopper et détruire les détachemens français disséminés dans les états du pape et la Haute-Italie. L’empereur, cependant, ne bougeait point encore. Soit que la saison lui parût trop avancée déjà, soit qu’il attendît les Russes, qui n’étaient pas arrivés, le gouvernement autrichien avait résolu de temporiser et de faire traîner les négociations en longueur jusqu’au mois d’avril. Cette résolution faillit abattre l’ardeur du gouvernement de Naples.
« Milord (écrivait Nelson au comte Spencer, le 13 novembre 1798, du camp de San-Germano, où s’était transporté la cour), sa majesté m’a appelé hier auprès d’elle pour concerter, avec le général Mack et le général Acton, l’ouverture des hostilités. 30,000 hommes, composant ce que Mack appelle la plus belle armée de l’Europe, ont défilé devant moi, et, autant que je puis juger de pareilles matières, je confesse qu’on ne peut voir, en effet, de plus belles troupes. Le soir, nous eûmes un conseil dans lequel il fut convenu que 4,000 hommes d’infanterie et 600 de vavalerie prendraient possession de Livourne. Je devais embarquer l’infanterie sur le Vanguard, le Culloden, le Minotaur et deux vaisseaux portugais. Un vaisseau napolitain eût escorté la cavalerie, qui devait prendre passage sur des bâtimens de commerce. Ce plan avait reçu l’approbation de sa majesté. Mack allait marcher sur Rome avec 30,000 hommes, je le répète volontiers, des plus belles troupes qui soient en Europe Les choses en étaient là quand j’allai me coucher. Ce matin, à six heures, je me suis présenté pour prendre congé de leurs majestés ; mais je les ai trouvées très abattues. Le courrier qui a quitté Londres le 4 de ce mois n’a apporté aucune assurance de secours de la part de l’empereur. M. Thugut ne répond que d’une façon évasive et désire, dit-il, que les Français soient les agresseurs. N’est-ce donc pas une agression que de rassembler une armée, comme cette cour le sait, comme le monde entier peut le savoir, pour envahir Naples, et dans une semaine en faire une république ? Puisque personne n’ignore ces projets, à coup sûr c’est là une agression, et de la plus sérieuse nature. Les troupes de l’empereur ne sont pas dans l’habitude de reprendre des royaumes sur l’ennemi, et il est plus aisé de détruire que de restaurer. Je me suis donc permis de dire à leurs majestés que le roi n’avait à choisir qu’entre trois choses : marcher en avant avec l’aide de Dieu et d’une juste cause, mourir, s’il le fallait, l’épée à la main, ou se tenir oci jusqu’au moment où on viendrait le chasser à coups de pied de son royaume. Le roi m’a répondu qu’il mettait sa confiance en Dieu et ne reculerait pas. Il m’a prié en même temps de rester ici jusqu’à midi, afin qu’on pût s’entendre avec Mack sur la nouvelle tournure que prennent les affaires. »
Après de longues hésitations, on en revient enfin au plan primitif. Le 28 novembre, Nelson débarque 5,000 hommes à Livourne, sous le commandement du général Naselli ; l’armée napolitaine se déploie sur cinq colonnes et s’avance, par des routes parallèles, sur Rome et la partie des états du pape qui confine aux Abruzzes. Du côté des Abruzzes, le chevalier Micheroux et le colonel San-Filippo rencontrent les premiers les troupes françaises, et laissent sur le champ de bataille quelques morts, beaucoup de prisonniers, leur artillerie et leurs bagages. L’aile