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bassin du Rhône : elle occupe le Haut-Valais, cette région pastorale et toute catholique, et s’arrête aux portes de Sion, centre commun de la vie politique et religieuse du pays, dont nous avons vu que la portion occidentale est française. Le reste de la Suisse allemande s’étend dans le bassin du Rhin, sur le revers septentrional des Alpes et dans les embranchemens orientaux du Jura. Échappé aux gorges de la Haute-Rhétie, le « gardien des frontières teutoniques[1] » entre d’abord dans une plaine étroite, où il forme la ligne de partage entre la Souabe autrichienne[2] et le canton de Saint-Gall ; il tombe ensuite dans le lac spacieux de Constance, et prend, en recommençant sa course, la direction du couchant. La grande courbe qu’il décrit entre Constance et Bâle (point où il abandonne le territoire helvétique) fait entrer dans son domaine tout le plateau de la Suisse intérieure, arrosé par des torrens qui portent au Rhin le tribut des lacs creusés au pied des Alpes et sous la grande chaîne du Jura. Au nord du fleuve, les démarcations politiques assignent à la confédération suisse un canton entier, démembrement du pays souabe : c’est celui de Schaffouse. Ce canton ne comprend guère autre chose que la banlieue d’une petite ville industrieuse, protestante, dans laquelle l’esprit des communes impériales s’est maintenu long-temps et subsiste encore en partie, à côté des intérêts suisses développés par une longue association.

L’interruption du cours du Rhin, produite par la célèbre cataracte de Lauffen, a donné naissance à Schaffouse, qui fut dans son origine un dépôt de navigation. Des causes analogues, mais plus puissantes, ont créé l’importance commerciale de Bâle. Placée sur les confins des dominations allemande et française, Bâle occupe de ce côté la même position que Genève à l’autre extrémité de la Suisse. Ces deux cités, florissantes par l’industrie et le commerce, siége l’une et l’autre d’une culture littéraire et scientifique très avancée, forment, pour ainsi dire, l’une le pôle germanique de la Suisse, l’autre son pôle français ; mais l’une et l’autre sont en dehors de l’orbite régulière des influences helvétiques et pourraient aisément leur échapper.

Le long de la rive méridionale du Rhin, et sur le plateau de la Suisse intérieure, se présentent, de l’ouest à l’est, d’abord le demi-canton de Bâle-Campagne, puis l’Argovie, le canton de Zurich, la Thurgovie et les districts inférieurs du canton de Saint-Gall. Coupée par des chaînes de hautes collines, la plupart encore revêtues de forêts, cette contrée est le siége d’une agriculture fort perfectionnée ; des manufactures considérables entretiennent en outre une vie très active dans les cités de Zurich et de Saint-Gall. Les deux communions religieuses qui se partagent

  1. Expression de Schiller.
  2. Le cercle du Vorarlberg.