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à Zurich même, où l’esprit du gouvernement était pourtant contraire à cette direction. La presse devint aussi fort active dans ces petites villes[1] de la Suisse italienne, qui forment comme les sentinelles avancées de l’égalité républicaine auprès des grands centres d’administration monarchique en Lombardie et en Piémont.

Il est temps de parler du pacte fédéral qui constitua l’existence commune des vingt-quatre[2] républiques suisses, et leur assigna leur place collective dans la famille des peuples européens. Promulgué à Zurich, le 7 août 1815, le pacte fédéral fut reconnu et garanti, le 20 novembre suivant, par les cours de France, d’Autriche, d’Angleterre, de Prusse, de Russie et de Portugal ; celle de Sardaigne lui donna séparément son adhésion officielle ; la diète elle-même avait accepté formellement, le 12 août de la même année, les actes du congrès de Vienne, qui fixaient les limites de la Suisse et spécifiaient sa perpétuelle neutralité. Je citerai ici les principales stipulations du pacte.


« Les vingt-deux cantons souverains de la Suisse se réunissent pour le maintien de leur liberté et de leur indépendance contre toute attaque de la part de l’étranger, ainsi que pour la conservation de l’ordre et de la tranquillité à l’intérieur. Ils se garantissent mutuellement leurs constitutions et leurs territoires. »


Le pacte pourvoit ensuite à la formation et au maintien de milices fédérales, composées des contingens particuliers assignés aux cantons. La force totale de ces troupes fut d’abord fixée à trente-deux mille huit cents hommes ; des résolutions successives l’ont élevée à soixante-quatre mille. Les contributions fédérales destinées à l’entretien des cadres de ces corps et aux autres dépenses militaires se montent actuellement à 1,060,000 francs à peu près[3].

« Chaque canton menacé au dehors ou dans son intérieur a le droit d’appeler d’autres cantons à son secours, en ayant soin d’en informer aussitôt le canton directeur.

« Toutes les prétentions et contestations qui s’élèveraient entre les cantons seront décidées par des arbitres fédéraux.

« Les cantons ne peuvent former entre eux de liaisons préjudiciables au pacte fédéral ni aux droits des autres cantons.

« La confédération consacre le principe qu’il n’existe plus en Suisse de pays sujets, et que la jouissance des droits politiques ne peut, dans aucun canton, être un privilège exclusif en faveur d’une classe de citoyens.

« « La diète, qui dirige les affaires générales de la confédération, se compose des députés des vingt-deux cantons, qui votent d’après les instructions de leurs gouvernemens. Chaque canton a une voix. »

  1. Lugano, Locarno, Capolago.
  2. Il y a deux républiques distinctes dans chacun des cantons d’Unterwalden et d’Appenzell.
  3. 707,700 francs de Suisse.