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remettrait à sa place. « Mettre M. Fox à sa place ! » s’écrie sir Robert Adair, « cela n’est pas donné au professeur Genz. Il semble l’avoir compris lui-même, et c’est pourquoi il en charge la postérité. C’est un tribunal auquel son appel pourra bien ne pas parvenir. Le procès, cependant, se poursuit sans lui. Il n’est pas une partie du monde où la ligne de conduite suivie par M. Fox pendant le cours de sa difficile et laborieuse carrière ne soit jugée à cette heure par les résultats. L’Amérique ne pourra jamais oublier celui qui, en même temps qu’il combattait pour les libertés britanniques dans notre chambre des communes et consommait, avec l’appui des premiers hommes de son temps, l’union jusqu’alors impraticable des intérêts populaires et aristocratiques, sut lier la cause de ce pays à la nôtre, stipula avec la couronne, en acceptant, le pouvoir, la reconnaissance sans conditions de son indépendance, et mit fin à la guerre qui nous détruisait les uns et les autres. L’Irlande accorde sa lyre au nom de Fox lorsqu’elle pleure l’époque fortunée et si tôt écoulée de son indépendance ; sa religion affranchie confesse que c’est lui qui, le premier, éleva la voix dans le parlement anglais contre les lois pénales et inscrivit de sa main le mot d’émancipation sur la bannière et dans le code du parti whig. Ses efforts pour relever toutes les sectes chrétiennes des incapacités attachées par la loi à leurs croyances, bien que, de son vivant, ils aient été infructueux, lui assurent une glorieuse part à l’honneur de l’acte du rappel. Grace à lui, le juré peut maintenant regarder en face le juge qui, lorsqu’il s’agit de fixer les limites de la liberté de la presse, n’a plus le pouvoir de lui dicter l’application de la loi, mais seulement de lui en exposer le sens. Grace à lui encore, le pauvre nègre, dans sa cabane, se réjouit de n’être plus inscrit sur nos tarifs comme une marchandise ; et, suivant l’éclatante expression de Burke, qui succomba avec lui en partageant ses efforts pour délivrer nos frères de l’Inde de la plus cruelle tyrannie, quatre-vingts millions d’êtres humains le nommeront toujours dans les prières qu’ils adresseront à la divine honte, en quelque langue et d’après quelque rite qu’ils implorent le pardon des fautes commises ou qu’ils appellent la récompense en faveur de ceux qui ont imité la Divinité dans sa bienfaisance universelle envers les créatures. Ce sont là les œuvres qui marquent la place de M. Fox ! »

J’arrive à ce qui fait le fonds de la publication de sir Robert Adair, à sa correspondance diplomatique pendant sa mission à Vienne en 1806 et 1807.

Lorsque Fox l’y envoya au mois de mai 1806, les négociations ouvertes avec la France se continuaient, et elles allaient même prendre un caractère officiel qu’elles n’avaient pas eu jusqu’alors ; mais on put bientôt en prévoir l’avortement définitif. Une nouvelle guerre ne tarda pas à éclater sur le continent. La Prusse, abandonnant le système