Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/1159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


14 mars 1847.


Les petites querelles de forme et d’étiquette ont été mises de côté ; au moins désormais on pourra de part et d’autre examiner avec plus de calme les questions en elles-mêmes. En ce moment, nous sommes, dans nos rapports avec l’Angleterre, à une égale distance de l’intimité et d’une rupture ouverte ; les deux gouvernemens sont en observation vis-à-vis l’un de l’autre à raison des difficultés qui les divisent, et en même temps de remarquables indices viennent nous montrer combien toute collision serait contraire aux intérêts et aux sentimens des deux pays. On peut à coup sûr compter parmi ces indices le récent meeting tenu à Londres. C’était une assemblée d’élite où l’on remarquait un grand nombre de membres du parlement, et qui s’était réunie pour s’occuper de l’affaire de Cracovie. Il s’agissait de convenir des termes d’une pétition à adresser à la couronne contre la violation des traités de Vienne. Après diverses motions qui condamnaient avec énergie le coup d’état frappé par les trois cabinets d’Autriche, de Prusse et de Russie, le lord-maire de Londres, sir G. Carroll, a proposé au meeting d’exprimer combien il admirait l’indignation généreuse avec laquelle la France avait accueilli la suppression de l’indépendance de Cracovie, et combien il croyait à la nécessité d’une alliance sincère entre les deux peuples. Un autre orateur, M. E. Beales, en appuyant la proposition du premier magistrat de Londres, n’a pas craint de déclarer qu’à ses yeux une guerre avec la France serait aujourd’hui presque une guerre civile, au moment où les découvertes de la science et surtout les résultats obtenus par la vapeur identifient de plus en plus les intérêts des deux nations. Ce langage a soulevé les applaudissemens de l’assemblée, qui a voté à l’unanimité la motion du lord-maire. C’est sans doute afin de contrebalancer l’effet de cette démonstration que le Times, quelques jours après, niait l’importance de l’alliance française pour l’Angleterre, et célébrait dans l’avenir l’union intime de la Grande-Bretagne et de la Prusse, en insistant sur le lien du protestantisme. Si la France n’a pas, aux yeux de l’Angleterre, le mérite d’être protestante, elle a l’avantage d’être sa plus proche voisine. Un des orateurs du meeting dont nous venons de parler a remarqué que les chemins