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L’appareil employé par M. Edwards dans ces promenades sous-marines était celui qu’a inventé le colonel Paulin, l’habile et zélé commandant des pompiers de Paris. Un casque métallique portant une visière de verre entourait la tête du plongeur et se fixait au cou à l’aide d’un tablier de cuir maintenu par un collier rembourré. Ce casque, véritable cloche à plongeur en miniature, communiquait par un tube flexible avec la pompe foulante que manœuvraient deux de nos hommes ; deux autres se tenaient en réservé prêts à remplacer les premiers. Le reste de notre équipage, sous les ordres de Perone, tenait l’extrémité d’une corde qui, passant dans une poulie attachée à la vergue, venait se fixer à une sorte de harnais et permettait de hisser rapidement à bord le plongeur que de lourdes semelles de plomb, retenues par une ceinture à déclic, avaient entraîné promptement au fond de l’eau. M. Blanchard veillait à ce que, dans les divers mouvemens de M. Edwards ou de la barque, le tube à air ne fût jamais entravé. Enfin, une corde destinée aux signaux restait toujours dans ma main, et Dieu sait avec quelle anxiété j’en étudiais les moindres mouvemens. On le comprendra sans peine si l’on songe que la plus légère méprise pouvait entraîner la mort de M. Edwards. Malgré tous nos soins, les moyens de sauvetage dont nous disposions étaient bien imparfaits. Il fallait près de deux minutes pour retirer de l’eau le plongeur et le débarrasser de son casque. Une fois même la vergue craqua et menaça de se rompre, au moment où, croyant avoir reçu un signal de détresse, je venais de pousser le cri de hissa ! Nos hommes sautèrent immédiatement à la mer et eurent bientôt ramené M. Edwards à bord ; cependant plus de cinq minutes s’écoulèrent entre le moment où j’avais senti remuer la corde et celui où M. Edwards put respirer à l’air libre, et ce temps aurait été plus que suffisant pour déterminer une asphyxie mortelle. Heureusement que j’avais été trompé par une secousse involontairement imprimée à notre télégraphe. Cependant on voit que ces recherches n’étaient pas sans danger, et certes, pour les entreprendre et les poursuivre, il fallait être animé d’un zèle bien rare parmi les naturalistes de nos jours.

Quoi qu’il en soit, M. Edwards recueillit le fruit de ses fatigues. Chaque fois il revint du fond de l’eau avec sa boîte richement garnie de mollusques et de zoophytes. Ce qu’il y eut de plus précieux dans ces conquêtes arrachées au fond de la mer, ce fut une innombrable quantité d’œufs de mollusques et d’annélides. Déposés ensuite dans de petits bassins où les vagues pénétraient à travers des parois en pierres sèches, ces œufs continuèrent à se développer, et M. Edwards put étudier à loisir toutes les phases de leurs curieuses évolutions. De mon côté, je trouvais dans les grottes du cap bon nombre d’annélides, de némertes, de planaires, de mollusques phlébentérés. J’y