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nécessité à ce qu’un pays produise lui-même le fer dont il use. La crainte que l’on manifeste parfois d’en manquer en temps de guerre est pour le moins déraisonnable ; elle serait même puérile si elle n’était pas feinte et manifestée le plus souvent pour des motifs intéressés. La France est entourée, Dieu merci ! d’un assez grand nombre de pays producteurs de fer pour que la crainte de manquer de ce métal nécessaire ne la préoccupe en aucun temps, et, à supposer même une conflagration générale de l’Europe, comme celle qui eut lieu sous la république et sous l’empire, il resterait toujours assez de points de notre territoire accessibles aux étrangers pour que ce produit nous arrivât abondamment. Si un grand nombre de produits nécessaires ou utiles nous ont manqué durant les guerres de l’empire, ce n’était pas, comme on affecte de le dire, que l’étranger refusât de nous les apporter ; c’est que nous-mêmes, par une politique que nous nous abstiendrons de qualifier ici, nous refusions de les admettre. La crainte d’être privés de fer au moment du besoin nous paraîtrait donc une bien faible considération dans le débat, et ce n’est pas en vue de ce danger chimérique que nous voudrions voir sacrifier sans mesure et sans terme tous les intérêts vivans du pays. Heureusement l’alternative posée n’est pas sérieuse. Est-il vrai que, sous un régime de liberté, l’industrie du fer périrait ? C’est là une face nouvelle de la question, ou plutôt c’est une nouvelle question à traiter, sur laquelle on ne saurait jeter trop de lumière, et qui mérite, à ce titre, que nous en fassions l’objet d’un examen particulier.


CH. COQUELIN.