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DE LA


COLONISATION DE L'ALGERIE.




LES ESSAIS ET LES SYSTEMES.




I.

Un homme dont la parole fait autorité en matière d’exploitation agricole, Mathieu de Dombasle, a dit : « Pour fonder des colonies, il est une qualité précieuse : c’est cette disposition à juger d’avance, froidement et avec sagacité, d’une part, les avantages réels que l’on peut tirer de tel établissement colonial en particulier, et d’autre part les dépenses, qui seront nécessaires pour s’en assurer la possession. » Il est rare cependant que les grandes colonies doivent leur origine à une spéculation régulière : elles sont presque toutes, comme notre Algérie, filles du hasard. Séduites par l’orgueil de la conquête, par cette fausse idée qu’une extension de territoire est le gage d’un accroissement de puissance, les nations jettent avec un enthousiasme aveugle les bases d’un empire colonial. Une fois engagées, elles persévèrent, et, si le présent est onéreux, elles se consolent et se persuadent qu’elles travaillent pour l’avenir. Il est sans doute nécessaire qu’une métropole soutienne sa colonie au début ; mais les dépenses qu’elle s’impose ne doivent être de sa part qu’un placement. Il faut qu’elle voie bien clairement que