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  En 1825, année de paix, de          
19,760,215
  En 1830,               
22,183,166
  En 1835,               
26,809,217
  En 1840,               
30,050,925
  En 1845,               
35,977,015

La masse des affaires s’est encore plus accrue que les perceptions auxquelles elle a donné lieu, car, depuis trente ans, l’abaissement des tarifs a été continu, et la quantité de marchandises qui, au commencement de la période, correspondait à un million de droits, est aujourd’hui beaucoup plus considérable.

C’est sous l’influence de routes imparfaites, d’une navigation intérieure pénible et dangereuse, que le commerce de Marseille a pris de tels développemens. Le lit du Rhône s’approfondit et se régularise aujourd’hui ; des chemins de fer partant des bassins de Marseille vont rayonner au loin ; les routes des Alpes et des Cévennes s’aplanissent : que l’état reboise ces montagnes, qu’il favorise la dérivation des torrens qui s’échappent de leurs flancs, qu’il préside à la transformation des graviers de la Durance et de la Crau, des marais de la Camargue, en territoires fertiles, et, comme un arbre dont une main bienfaisante arrose les racines et cultive le pied, le commerce de Marseille redoublera de sève et de vigueur.

Mais, indépendamment des résultats généraux qu’amènera la bonne gestion de nos affaires intérieures, il en est quelques-uns à rechercher séparément sur les côtes de la Méditerranée. Les plus voisins à obtenir s’offriraient dans l’île de Sardaigne.

Cette île, la seconde de la Méditerranée, était il y a vingt ans moins connue de l’Europe que tel îlot du grand Océan. L’administration éclairée du roi Charles-Albert entreprend aujourd’hui de la régénérer, et, après la nation italienne, la nôtre est la plus intéressée au succès de son œuvre. Il n’existe cependant encore aucunes communications régulières entre nos côtes et celles de Sardaigne. Dès 1842, le commerce suggérait aux cabinets de Paris et de Turin la pensée de faire faire échelle à Bastia aux paquebots sardes qui font le service entre Gênes et Cagliari, et de remplir par un voyage à Porto-Torres, au nord de l’île, le temps que nos bateaux de poste perdent dans la rade d’Ajaccio, à chacun de leurs voyages hebdomadaires. La Sardaigne aurait été de la sorte mise en rapport direct avec Marseille, et ses moyens de correspondance avec l’Italie se seraient accrus de tous les nôtres. Une combinaison si simple ne laissait pas de rencontrer de sérieuses difficultés.

En effet, les rivalités étroites de villes et de provinces, qui servent en Italie d’instrument de domination aux oppresseurs, y sont aussi, par une conséquence naturelle, une entrave à la sagesse des gouvernemens