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c’est de l’argent. Dans l’autre, on ne réunit qu’avec peins et lenteur, au milieu de mille incertitudes, les élémens d’une cargaison ; la, concurrence des navires en retour entraîne l’avilissement du fret. Ici, la formation du personnel et du matériel naval reçoit de la demande des moyens de transport un encouragement journalier ; là, les circonstances inverses en éloignent et les hommes et les capitaux. Si le patriotisme local lutte ici contre les difficultés, il est là bien plus ardent à profiter des avantages, et, indépendamment de cette considération, il y a toujours, pour confier sa marchandise à des compatriotes plutôt qu’à des étrangers, des raisons commerciales déterminantes. Aussi la supériorité relative des marines marchandes se règle-t-elle sur le rapport des tonnages d’exportation. La Norvège, qui nous envoie 100 bâtimens pour 1 qu’elle reçoit de nous ; l’Angleterre, dont le pavillon couvre les cinq sixièmes des marchandises que nous échangeons avec elle, doivent principalement cet avantage, l’une à ses bois, l’autre à ses houilles. Il est allé, en 1845, de Norvège en France, 151,845 tonneaux ; de France en Norvège, 5,610 ; d’Angleterre en France, 807,455 tonneaux ; de France en Angleterre, 429,540 seulement.

Malgré la puissance industrielle du territoire desservi par le port de Marseille, le tonnage des exportations pour l’étranger y excède rarement les deux tiers de celui des importations, et la part de notre pavillon dans la navigation est toujours la plus faible. D’après les relevés des vingt dernières années, nos navires ne transportent que le tiers du poids des marchandises échangées. Tout ce que la marine marseillaise a pu faire, c’est de se maintenir dans cette proportion modeste, en suivant les progrès du mouvement général ; sans prendre d’accroissement relatif, elle en a pris un réel très remarquable : ainsi la moyenne de son mouvement a été, pendant les trois dernières années de la restauration, de 128,667 tonneaux, et pendant les années 1543, 1844 et 1845, de 360,988 tonneaux.

Dans son développement continu, le port de Marseille est aujourd’hui arrivé à posséder un matériel de 633 navires, jaugeant 53,978 tonneaux ; il est, sous ce rapport, inférieur au Havre, à Nantes et à Bordeaux[1], où l’on se livre à des expéditions plus lointaines et par conséquent moins multipliées. Les neuf dixièmes du mouvement dont Marseille est le centre ont pour limites les côtes de la Méditerranée. Il en résulte que la masse des affaires commerciales correspond ici à un mouvement maritime proportionnellement beaucoup moins étendu que dans les grands ports de l’Océan.

Quels que soient les lieux de provenance et de destination des navires

  1. Le Havre possède 346 navires formant… 64,555 tonneaux.
    Nantes - - 555 - -… 62,205
    Bordeaux - - 361 - -… 60,528