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aux usines de la Loire, elles ne trouvent le minerai qu’à une certaine distance, dans la Haute-Saône, l’Ain et l’Ardèche ; mais deux beaux fleuves, la Saône et le Rhône, en rendent le transport facile, et, à cela près, toutes les conditions d’exploitation y sont aussi favorables qu’on peut le désirer. On se tromperait d’ailleurs étrangement si l’on supposait que les producteurs des autres pays rencontrent généralement tout à souhait, et qu’ils trouvent constamment les deux matières premières, le minerai et le combustible, réunies sous la main. A tout prendre, il n’y a guère ailleurs de producteurs plus favorisés que les maîtres de forges qui composent ce groupe, et s’ils redoutent la concurrence étrangère, c’est qu’ils ne veulent pas se donner la peine de la braver.

La réduction opérée, en 1836, sur le droit qui frappe les fers étrangers a été, pour les usines de cette contrée, sans aucune compensation, puisque la houille qu’elles consomment ne subit pas l’influence de la concurrence étrangère, et que les fontes qu’elles emploient sont toutes de provenance française. Ne semble-t-il pas dès-lors, à raisonner dans le sens des prohibitionnistes, que cette réduction aurait dû leur être funeste ? Au lieu de cela, nous voyons que la production totale de ce groupe s’est élevée, de 1835 à 1844, pour la fonte, de 276,883 quintaux métriques à 687,167, et, pour le fer forgé, de 312,288 à 685,948.

Sur les douze groupes de forges qui constituent l’ensemble des usines métallurgiques de la France, en voilà donc déjà deux qui, étant placés dans des conditions exactement semblables, non pas à celles de fous les pays étrangers, car on ne trouve pas partout, à beaucoup près, de tels avantages, mais à celles des pays les plus favorisés, peuvent, sans le moindre effort et sans aucune espèce de protection, braver la concurrence étrangère. C’en est assez déjà, à supposer même, ce que nous sommes loin d’admettre, que la guerre puisse jamais rompre entièrement nos relations avec le dehors, pour nous rassurer contre les éventualités que l’on redoute. N’y eût-il que ces deux groupes en France, il ne serait pas à craindre que le fer nous manquât jamais pour les besoins les plus urgens : ils ne sont pas, en effet, les derniers en importance, puisque le groupe des houillères du sud occupe même aujourd’hui le premier rang. Au reste, si ces deux foyers de production sont les seuls où l’emploi de la houille et du coke soit général, où la fonte et le fer se fabriquent exclusivement à l’aide de ce combustible, ils ne sont pas, à beaucoup près, les seuls où l’on s’en serve, et surtout où l’on puisse s’en servir avec avantage, si la nécessité le commandait.

Voici d’abord le groupe du centre, dont le siège principal est dans le département de la Nièvre, et qui s’étend de là sur les départemens de Saône-et-Loire, du Cher et de l’Allier. Outre qu’il renferme dans son propre sein plusieurs mines de houille qui ne sont pas des moins riches,