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proposaient des prix pour cet objet ; le gouvernement même était prié d’intervenir. Ce problème résolu, l’Angleterre fut sauvée elle prit le haut bout dans le mouvement industriel du monde, et chez elle la grande industrie naquit. Alors aussi vinrent les machines à vapeur, les machines à tissus, les chemins de fer et le reste.

C’est à ce point de vue surtout que la fabrication du fer au charbon de bois cède hautement le pas à la fabrication à la houille. Est-ce à dire qu’elle doit disparaître aussitôt que cette dernière vient à s’implanter sur le sol ? Cela peut être vrai en Angleterre, où les bois, devenus chaque jour plus rares, ont presque entièrement disparu ; mais cela n’est pas également vrai en France, où, Dieu merci ! il reste encore d’assez notables parties de forêts à exploiter. Outre l’extrême rareté du bois en Angleterre, qui devait nécessairement restreindre et faire abandonner peu à peu la fabrication du fer par ce moyen, il y avait là une autre cause de cet abandon : c’était l’excessive cherté de tous les produits agricoles, déterminée par les lois restrictives sur ces denrées, et à laquelle le bois participait. Si cette cherté se remarque également en France depuis trente ans, elle y est pourtant bien moins sensible qu’elle ne l’était encore récemment en Angleterre, et elle pourrait, comme nous l’avons déjà dit, s’atténuer encore beaucoup sous un régime plus libéral.

Dès-lors, nulle raison pour que, dans notre pays, la fabrication au bois disparaisse, au moins de long-temps. Seulement nous croyons qu’il est nécessaire qu’elle se transforme. Une révolution doit s’y faire, révolution que la force des choses amène et qui déjà commence à se manifester. C’est que les usines réduites à travailler exclusivement au charbon de bois, en conservant toutefois quelques-unes des spécialités dont nous parlions tout à l’heure, se contenteront en général de produire la fonte, genre de travail qui est plus particulièrement leur apanage, et qu’elles laisseront aux autres le soin de convertir cette fonte en fer. Par là elles parviendront à utiliser, bien mieux qu’elles ne le font aujourd’hui, toutes les ressources qu’elles possèdent en minerai de fer dans les localités qu’elles occupent. En renonçant à achever le travail de la fabrication, elles pourront l’étendre davantage et parviendront à mettre dans la circulation, avec une masse de combustible égale, une bien plus grande somme de produits. Elles profiteront en cela, et le pays profitera avec elles, du véritable avantage qui résulte de leur genre de travail, la qualité supérieure des fontes, avantage qu’on ne peut guère leur contester. Au reste, cette révolution que nous annonçons ici dans l’avenir n’est déjà plus tout-à-fait hypothétique ; elle est commencée dès à présent, et, quand on examine de près ce qui se passe, on yen aperçoit déjà clairement les premiers symptômes. Cette transformation si désirable ne marche toutefois aujourd’hui qu’à pas lents. Une