Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/947

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

évidentes, je citerai les trois arcs concentriques qui circonscrivent l’extrémité du lac Majeur près de Sesto-Calende : celles du lac de Garde ne sont pas moins bien caractérisées, aux environs de Desenzano et de Peschiera.


VI. – DU CLIMAT DE L'EPOQUE GLACIAIRE.

Lorsque l’imagination se représente tous les pays qui environnent les Alpes ensevelis sous la glace à la distance de plusieurs myriamètres, elle frémit pour ainsi dire à l’idée du froid épouvantable que suppose ce développement prodigieux des glaciers alpins. Il semble que les climats de la Sibérie n’offrent rien d’assez rigoureux pour expliquer l’existence permanente de ce manteau de glace étendu sur des contrées qui jouissent maintenant d’un climat tempéré. Il est facile de montrer combien ces idées sont exagérées.

En effet, ce que nous avons dit sur la transformation de la neige en glace par des fusions et des congélations répétées doit faire comprendre qu’il ne saurait y avoir de glaciers avec un climat d’une rigueur extrême, tel que celui du nord de la Sibérie. Le Spitzberg, qui réalise au plus haut degré la conception d’un pays envahi par les glaciers, puisqu’ils descendent partout jusque dans la mer, a une température moyenne de 8 degrés centigrades au-dessous de zéro ; celle de l’été est de 2°,4 au-dessus. L’Islande, où les glaciers s’arrêtent au rivage de la mer, mais ne le dépassent pas, comme ceux du Spitzberg, présente dans ses différens points une température moyenne comprise entre zéro et + 4°. Nous pouvons d’ailleurs, à l’aide d’un calcul fort simple, nous former une idée du climat qui a pu amener les glaciers du Mont-Blanc jusqu’aux bords du lac de Genève. La température moyenne de cette ville est de 9°,56. Sur les montagnes environnantes, la limite des neiges perpétuelles se trouve, comme nous l’avons vu, à 2 700 mètres au-dessus de la mer. Les grands glaciers de la vallée de Chamonix descendent à 1 550 mètres au-dessous de cette ligne. Cela posé, supposons que la température moyenne de Genève s’abaisse de 4 degrés seulement et devienne par conséquent 5°,56. Le décroissement de la température avec la hauteur étant de 1 degré pour 188 mètres, la limite des neiges éternelles s’abaissera de 750 mètres et ne sera plus qu’à 1 955 mètres au-dessus de la mer. On accordera sans difficulté que les glaciers de Chamonix descendraient au-dessous de cette nouvelle limite d’une quantité au moins égale à celle qui existe entre la limite actuelle et leur extrémité inférieure. Or, actuellement le pied de ces glaciers est à 1 150 mètres au-dessus de l’océan ; avec un climat plus froid de 4 degrés, il sera de 750 mètres plus bas, c’est-à-dire au niveau de la plaine suisse. Ainsi donc l’abaissement de la ligne des neiges éternelles suffirait pour faire