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D'UNE


RENAISSANCE GRECQUE


AU THEÂTRE.




LA TRAGEDIE ANTIQUE, LA TRAGEDIE DU XVIIe SIECLE ET LE DRAME MODERNE.




André Chénier, ce poète un peu philologue, a égaré sur sa trace bien des esprits qui ne sont ni philologues ni poètes. On l’a pris pour un Grec, et on s’est fait Grec à son image. Il est le père de tous les Grecs d’aujourd’hui, qui se piquent d’entendre ceux d’autrefois comme jamais on ne les a entendus, comme ils ne s’entendaient pas eux-mêmes. Ce n’est plus dans le père Brumoy, c’est dans les traductions de la Bibliothèque grecque-latine que nos Athéniens lisent Sophocle et Euripide. Ce sont ensuite ces traductions qu’on retraduit pour notre scène ; cela dispense d’inventer. Seulement on retranche, on ajoute, on arrange. Tragédie grecque ! dit-on au public. Le public, qui a ses affaires, n’a garde d’aller vérifier et s’en rapporte à l’affiche. Or, voici ce qui arrive : si quelque chose de la pièce grecque perce çà et là à travers cette suite de traductions et de métamorphoses, c’est justement ce que la plupart des spectateurs laissent passer sans y prendre garde, ou ce qu’ils entendent à leur façon, mêlant plus ou moins leurs idées modernes aux idées du poète antique ; mais, en revanche, tout ce qui est ajouté au