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sur le compte des mines elles-mêmes, qui n’ont pas offert, autant qu’à la fin du siècle dernier, des amas d’une grande richesse. La Chili présente l’augmentation la plus sensible. Situé à portée de la mer dans toutes ses parties et sagement gouverné, ce pays prospère. La population, au lieu de ressentir comme au Mexique ces alarmes dont l’effet infaillible est de paralyser l’esprit d’entreprise, travaille en parfaite sécurité. Au Chili, on est laborieux et hardi, et des gisemens de mines tout nouveaux y sont exploités avec ardeur. Malheureusement, de même que dans tout le reste de l’Amérique espagnole ou portugaise, la connaissance des arts mécaniques et l’appréciation des plus simples moyens matériels qui sont familiers à l’industrie européenne n’y sont pas au niveau des bons sentimens du gouvernement ou de l’esprit d’ordre de la population. Dans ces régions, comme dans la péninsule ibérique, comme en Turquie, la notion des avantages d’une route carrossable n’a pas pénétré encore. Mac-Adam est un mythe fabuleux comme l’hippogriffe ; l’arriero, avec ses mulets porte-bâts, est encore la plus haute expression de l’art des transports.


II. – DE LA PRODUCTION FUTURE DE L'AMERIQUE.

Pour l’avenir, de quelque incertitude que soient affectées les prévisions de ce genre, essayons de mesurer ce qu’il est possible d’obtenir de diminution dans les frais de production des métaux précieux en Amérique et particulièrement de l’argent. Occupons-nous du Mexique : ce que nous en dirons sera applicable au Pérou et aux centres de production argentifère disséminés dans le reste du nouveau continent. Passons donc en revue les diverses matières qu’on emploie pour exploiter le minerai d’argent. Voyons quelle réduction de prix chacune peut éprouver, et s’il ne serait pas possible d’en réduire la consommation. Disons aussi un mot des divers autres articles de dépense, afin d’indiquer, autant qu’il est permis de le pressentir, dans quelle proportion on peut les modifier. C’est un sujet d’un intérêt tout spécial pour la France, qui, parmi toutes les nations, est sans comparaison celle qui retient le plus d’argent pour le service des échanges.

Les matières qu’on emploie pour le traitement du minerai, le combustible à part, sont le sel, le magistral, le mercure. Les autres articles de dépense sont l’extraction du sein de la terre et la préparation mécanique des minerais pour la fusion ou pour l’amalgamation au patio. Pour la fusion, ce n’est qu’un simple cassage qu’il n’y a guère lieu de modifier. Pour le patio, il faut bocarder et triturer le minerai, le mettre en farine, en bouillie, et c’est une opération qui nécessite une grande force motrice. Ensuite vient l’amalgamation, qui implique le foulage