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MADRID


ET


LA SOCIETE ESPAGNOLE EN 1847.




I.

J’étais entré l’an dernier à Madrid par une soirée froide, demi-obscure, troublée d’un de ces vents aigus comme l’épée, si fréquens dans ces régions. Toutes les variations de la température avaient passé sur nous depuis le moment où nous avions franchi ce ruisseau célèbre de la Bidassoa, qu’un souffle d’été peut tarir, durant ce voyage rapide à travers les gorges du Guipuzcoa, les plaines élevées et nues de la Castille. Le gigantesque passage de Somo-Sierra, pour dernière épreuve, nous avait réservé sa bise la plus cuisante, et l’impression de ces vapeurs glacées qu’on y respire nous restait encore, lorsque nous frappions, quelques heures plus tard, à la porte de Bilbao. La ville nous semblait enveloppée dans le givre. Le lendemain, par un de ces retours qu’aucun indice n’annonce et que néanmoins on attend toujours dans ce pays de soudains changemens, le soleil avait retrouvé tout son éclat et rayonnait de nouveau, globe de feu dans un azur limpide et profond. Le ciel avait repris cet éclat lumineux, cette transparence, cette sereine et indicible clarté qui enivrent le regard et sont les signes immuables par lesquels le Midi se révèle.

Madrid, au premier aspect, ne produit pas une impression heureuse.