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Quoiqu’en Europe l’Espagne ne jouisse pas d’une grande réputation en matière de perfectionnemens quelconques, sous le régime colonial l’impulsion vers les améliorations était bien plus grande au Mexique qu’aujourd’hui.- Ce qui s’accomplissait à la fin du siècle passé et au commencement de celui-ci était vraiment admirable. Ce qui se projetait et aurait été exécuté était infini. Sentant alors le prix de la science appliquée à l’art du mineur, on avait fondé et richement doté un grand établissement, pour lequel une construction très élégante a été élevée à Mexico, je veux parler de la Mineria, qui était à la fois une institution administrative et une école des mines, et sur laquelle ont répandu de l’éclat les travaux de quelques hommes studieux et capables, comme M. André del Rio et M. d’Elhuyart. Malheureusement les révolutions l’ont empêchée de rendre les services qu’on en attendait. Lorsque je l’ai visitée en 1835, je l’ai trouvée dévastée. Les laboratoires et les collections étaient dans la plus déplorable pénurie ; l’édifice même, tout étayé, menaçait ruine, et le vénérable del Rio, qui me le montrait, avait les larmes aux yeux. Je ne pense pas qu’à aucune époque les arts mécaniques y aient été beaucoup enseignés. On a accordé à l’institution, depuis quelques années, un droit de 1 et demi pour 100 sur l’argent produit ; mais je ne sais quelle destination cette dotation recevra. Je suppose qu’on s’en servira pour amortir une dette anciennement contractée pour faire des avances à quelques mineurs et non pour former un corps instruit d’officiers des mines : jusqu’à ce jour, le gouvernement mexicain s’est mis, très peu en peine de répandre l’instruction générale ou spéciale. M. Lowenstern parle d’une institution du même genre élevée à Guanaxuato par les soins du général Cortazar. Malheureusement tout est éphémère au milieu de l’anarchie qui désole ces beaux pays. Tel établissement qui promet aujourd’hui de fleurir sera peut-être détruit demain, et les fonds qui ont un emploi utile en seront détournés au premier pronunciamiento pour être dévorés sans retour.

De tout ce qui précède ressort une double conclusion. Premièrement, l’exploitation des mines d’argent mexicaines comporte des améliora fions virtuellement faciles, qui réduiraient dans une très forte proportion les frais de production de ce métal, et par conséquent, après un certain laps de temps, en abaisseraient le prix d’autant. Je ne crains pas de dire qu’il me semble possible de diminuer de moitié au moins les frais de production de l’argent, dans un intervalle de peu d’années. Bien plus, si pendant quarante ou cinquante ans ce pays était dirigé par un gouvernement éclairé, assez fort pour se faire obéir et pour pétrir à son gré ces populations, qui sont maniables ; si l’on y implantait ainsi la civilisation active de l’Europe ou des États-Unis, et qu’on y installât