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dernières années, le nombre des exposés était réduit à un peu plus de 1,300 ; 400 seulement ont succombé, 900 ont survécu. Ces détails ne sont point à mépriser, puisqu’ils font connaître en même temps un progrès dans la moralité des masses et un progrès dans l’administration des maisons de bienfaisance. Veut-on voir une autre institution qui n’est pas moins remarquable, c’est l’institution des salles d’asile, qui portent le nom d’escuelas de parvulos. Malgré de bonnes intentions, le gouvernement n’a pu, jusqu’ici, organiser d’une manière complète l’instruction publique, l’instruction populaire principalement ; tout lui manquait, les maîtres et l’argent. Les pouvoirs législatifs se sont même montrés, en plusieurs circonstances, inintelligens et parcimonieux il y a quelques années, le congrès refusa des fonds à une école primaire créée à Madrid, sous prétexte que c’était un établissement, d’intérêt local. L’institution des salles d’asile provient de l’initiative individuelle. Il se forma, en 1838, une société dans l’intention généreuse de propager et d’améliorer l’éducation populaire. Cette société pourvoit à ses besoins au moyen de quelques dons qui lui furent faits à sa création, et d’une souscription annuelle de 20 réaux imposée à chacun de ses membres. La première école fondée à Madrid a été celle de Virio ; depuis, celles de Santa-Cruz, Montesino, Pontejos, Arias, ont été ouvertes. Ces écoles, avec l’asile qui a été établi à la fabrique de tabac, réunissent aujourd’hui environ 700 enfans, enlevés au vagabondage et à la misère. La moitié de ces enfans sont admis gratuitement ; les autres paient une très faible rétribution ; tous passent là leur journée entière. Il y a une observation à faire sur ces écoles : en général, dans tout ce qui se pratique en Espagne, lorsque la politique s’en mêle, il y a de la confusion, de l’incertitude ; ici, au contraire, dans les procédés d’éducation, l’ordre et la méthode exercent une influence souveraine. Rien n’est mieux entendu que les moyens d’instruction qui sont employés. ’Tout est fait avec soin et intelligence. La routine est bannie des écoles espagnoles, et ce n’est point la moindre surprise qu’on éprouve. J’ajouterai que la société pour l’amélioration de l’éducation populaire ne s’est point bornée à fonder les écoles de Madrid ; elle a porté aussi ses vues sur les provinces, et a provoqué la création d’écoles semblables à Ségovie, Cordoue, Barcelone, Pampelune, Soria, Alcoy, Cacerès. Une école primaire normale a été instituée à Madrid pour donner des maîtres à ces succursales de la métropole. C’est toute une réforme due à l’initiative généreuse de quelques personnes.

Combien de choses se font ainsi en dehors de l’action du gouvernement ! L’homme qui s’est le plus occupé peut-être de cette institution des salles d’asile espagnoles, et dont le nom ne fait point de bruit, sans doute parce qu’il n’a fait qu’une œuvre utile, est M. Mateo Seoane, l’un des médecins distingués de Madrid. M. Mateo Seoane a été député autrefois, en 1820 ; il a fait partie de l’émigration qui se répandit peu après