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ces mines d’argent où avait puisé Annibal et qu’avait célébrées Strabon, ces mines d’or qui, d’après les recherches de M. Bœkh, avaient rendu jusqu’à 6,500 kilog. du temps des Romains, étaient abandonnées. Ce ne fut point volontairement que l’industrie les délaissa il y a trois cents ans. Elle y fut forcée par Charles-Quint, qui, pour fournir aux mines d’Amérique le personnel de mineurs exercés dont elles avaient besoin, avait imaginé ce procédé héroïque de clore par un décret les mines de métaux précieux de la Péninsule[1], et c’est ainsi que de magnifiques gisemens sont demeurés frappés de stérilité jusqu’à ces dernières années.

Au commencement du siècle, l’Europe, sans la Russie, qui n’a de métaux précieux qu’en ses provinces de l’Asie boréale en attribuant à celle-ci toute la surface occupée par les monts Ourals, rendait 1,300 kilog. d’or et 52,670 kilog. d’argent. La Russie produisait alors 672 kil. d’or et 21,709 kilog. d’argent.

Il faut aussi mentionner ici, autant qu’il est possible, la production de quelques autres pays dont les métaux précieux entrent en partie au moins dans le commerce général. Ainsi il y a lieu, selon M. Jacob, d’attribuer à l’empire turc, pour les provinces asiatiques, une certaine quantité d’argent provenant des environs d’Erzeroum. Elle monterait à 100,000 liv. sterlg., soit 2,521,000 fr. ou 11,245 kilog. de fin. Cet argent est expédié par caravanes à Constantinople, d’où il se répand sur le marché, général. L’archipel des îles de la Sonde a fourni de toute antiquité une quantité d’or qu’un observateur qui s’est donné beaucoup de peine pour découvrir la vérité, M. Crawford, évalue à 4,700 kilog. L’Afrique également rend de l’or de temps immémorial. Il y a dans l’intérieur de l’Afrique des alluvions aurifères que les naturels du pays lavent de leur mieux, et dont le produit va se troquer contre des produits manufacturés dans les comptoirs des Européens ou de l’iman de Mascate. Le nom de la Côte-d’Or, celui de Guinée, adopté pour l’ancienne monnaie d’or anglaise, montrent que l’Europe, depuis qu’elle est en rapport avec l’immense péninsule africaine, va y chercher de l’or. M. Crawford a estimé à 14,000 kilog. l’or qui, tous les ans, est produit en Afrique. C’est certainement exagéré, mais nous n’avons pas de moyen exact de dire de combien. Nous sommes donc réduit à de pures hypothèses, et c’est avec beaucoup de défiance que nous avancerons ici un chiffre quelconque. Disons qu’il n’y a pas lieu de supposer que cette production soit de plus de 4,000 kilog.

Les contrées de l’extrême Orient, au commencement du siècle, n’émettaient

  1. C’est ce que rapporte M. Berghaus (allegemeine Loender und Volkerkunde, tom. III, page 530). Il fixe la date de l’ordonnance à l’an 1535, soit quatorze ans après la prise de Mexico, et presque immédiatement après la conquête du Pérou. D’autres écrivains continuent cet acte étrange de despotisme.