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et des Pensées d’août, et surtout le morceau qui commence ainsi :

Quand de la jeune amante en son linceul couchée…


nous semblent composés dans le même esprit, avec des ressources du même ordre et des aspirations tout-à-fait identiques à ce que nous estimons le mieux chez Tennyson. Ceci soit dit sans vouloir rien ôter à nos poètes de leur originalité propre, et sans méconnaître ce qu’il y a chez eux d’individuel aussi bien que chez le rimeur étranger.

La vie de Tennyson nous est peu connue, et ses poésies, qui ne sont jamais que le reflet très indirect de sa pensée, ne nous fournissent aucuns renseignemens de nature à faciliter pour nous la tâche du biographe. Contentons-nous donc de savoir qu’Alfred Tennyson, fils d’un ecclésiastique du comté de Lincoln, appartient à une famille nombreuse et justement honorée. L’université de Cambridge (Trinity College) l’a compté parmi ses élèves. On le dit fort peu curieux du monde et de ses fêtes, épris au contraire de ces rapports intimes qui donnent aux épanchemens de l’esprit toute leur franchise, à ses distractions toute la tolérance dont elles ont besoin. Son nom figure sur la liste des écrivains pensionnés par le gouvernement, — et l’on sait qu’ils sont en fort petit nombre. C’est sous le ministère Peel que le jeune poète a reçu cette haute marque de distinction. Southey, Wordsworth et Montgomery sont les seuls qui l’eussent obtenue avant lui. Depuis lors, le cabinet whig leur a associé Thomas Moore. Nous ne voyons pas d’autres poètes portés au budget de la Grande-Bretagne[1]. Il est vrai que les encouragemens aux lettres sont chez nos voisins une importation toute récente.


E.-D. FORGUES.

  1. N’oublions pas cependant une pension de 100 livres sterling faite par le ministère tory à la veuve de Thomas Hood.