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production. Voici un simple rapprochement qui fera apprécier l’étendue des ressources des États-Unis en ce genre et les facilités qu’ils auraient d’en faire commerce avec nous s’ils y étaient provoqués. Ils avaient, en 1840, 15 millions de bêtes à cornes pour une population de 17 millions, soit 882 par mille habitans. La France n’en a pas 300. La Bavière et le Wurtemberg, qui, de tous les pays à notre proximité, sont les plus riches, en ont, selon M. Moll, 550 et 490. En 1847, la proportion paraît être montée, en Amérique, à 1,000 têtes de gros bétail par mille habitans. Pour les porcs, la progression a été plus rapide encore. En 1840, les Américains en possédaient 1,550 par mille habitans ; en ce moment, on évalue qu’ils sont à 1,750. Telle est la vigueur avec laquelle le progrès s’accomplit aux États-Unis, lorsqu’on le cherche dans une direction conforme à la nature des choses. En France, nous sommes, pour cet article, au-dessous de 150 têtes par mille habitans. En prenant 300 kilogrammes de viande telle que celle que l’on sale pour l’équivalent d’une tête de bœuf, l’importation des salaisons américaines dans la Grande-Bretagne répond à 44,000 bœufs. C’est beaucoup plus que la France ne reçoit de bêtes à cornes.


IV.

Dans cette revue des foyers de production, nous n’avons nommé ni la Sicile ni l’Égypte, qui furent autrefois si renommées pour l’exubérance de leurs moissons. C’est que ces pays ont en effet cessé de fournir régulièrement des quantités considérables de blés au marché général du monde. Le royaume des Deux-Siciles pourrait en livrer 1 million d’hectolitres, moitié des provinces continentales, moitié de la Sicile proprement dite. Cependant il n’envoie vers nos régions qu’une fraction de cet excédant, lorsqu’il l’exporte tout entier ; il s’en consomme une partie dans le bassin de la Méditerranée. L’Égypte n’expédie des blés à l’Europe occidentale que d’une manière intermittente et par accident ; c’est Constantinople, ce sont les îles de l’Archipel qu’elle approvisionne. On dit cependant que cette année la récolte y est magnifique, et que notre Europe pourra en profiter, mais la qualité justement vantée du terroir de la Sicile ou de Naples et l’incomparable fertilité de la vallée du Nil ne doivent ni donner de l’ombrage aux hommes qui regarderaient la réduction permanente du prix du pain comme un événement fâcheux, ni faire concevoir de grandes espérances à ceux qui, se plaçant à un point de vue tout différent, appellent de leurs vœux un vaste développement de la production et du commerce des céréales. Bien des choses sont changées en Égypte depuis le temps des Pharaons ou depuis les Romains. Je ne veux pas dire seulement que la population de l’Égypte est bien diminuée, et que la production, qui, toutes choses