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tiques, l’Autriche voit tous les jours augmenter sa dette. Elle est obérée par la nécessité de maintenir sur le pied de guerre une armée considérable. En 1814, le gouvernement autrichien s’était obligé à ne pas porter la dette lombarde au-delà de 90 millions ; le chiffre de la dette s’élève aujourd’hui à plus du double.

La Belgique va être prochainement appelée à procéder au renouvellement périodique de la moitié de ses sénateurs et de ses représentans. Les libéraux pouvaient jusqu’à ces derniers temps considérer ces élections comme le terme légal de leur rôle de minorité : il leur eût suffi, en effet, de gagner dix voix nouvelles parmi les quarante-sept députés sortans pour donner le coup de grace à la majorité catholique de la deuxième chambre, et leurs succès électoraux de 1844 et de 1845 laissaient pressentir presque à coup sûr cette progression ; mais un élément nouveau, inconnu, vient déranger tout à coup le cours des probabilités. Nous voulons parler de l’augmentation du nombre des sénateurs et des représentans.

Aux termes de la constitution, qui lui accorde un représentant par quarante mille habitans et un sénateur par quatre-vingt mille habitans, la Belgique, dont la population s’est considérablement accrue depuis 1831, avait droit à l’adjonction de sept sénateurs et de treize représentans. Les libéraux sollicitaient vainement cette adjonction depuis 1843, et, à l’avènement du ministère de Theux, ils ont reproduit plus vivement que jamais leurs instances, peut-être dans la prévision d’un refus formel qu’ils auraient exploité ensuite auprès des collèges électoraux. À leur grande surprise, M. de Theux s’est exécuté de la meilleure grace du monde, et la loi d’adjonction vient d’être présentée et votée. M. de Theux, avec sa sagacité ordinaire, a compris du premier coup d’œil que cette adjonction était surtout favorable à un parti qui tombe. La Belgique pratique le système de l’élection collective, de l’élection au chef-lieu. Vu le grand nombre de concurrens que ce système met en présence, les nominations s’y décident, pour la plupart, à la majorité relative. Or, les catholiques, par cela même qu’ils perdent du terrain, sont intéressés à ce que le minimum de cette majorité relative soit abaissé, et c’est ce qui arrive par la nouvelle loi. Tel député catholique, par exemple, qui était élu jadis au premier tour de scrutin, devra aujourd’hui céder la place aux candidatures sérieuses et dès long-temps préparées du libéralisme ; mais, ces candidatures une fois épuisées, ce député catholique, qui a ses antécédens, ses relations acquises, son noyau de voix bien discipliné, l’emportera aisément sur un concurrent improvisé, que les neuf-dixièmes des électeurs ne connaissent pas, et que le club libéral n’aura mis en avant que pour la forme, pour remplir la subite lacune créée par la nouvelle loi. Ce député, qui passait autrefois le premier, ne passera que le dernier ; n’importe, il passera. Si les libéraux peuvent donc espérer de supplanter dix catholiques sortans dans les quatre provinces appelées au renouvellement quatriennal de leurs députés, il est, d’un autre côté, fort probable que les sept députés en plus accordés à ces provinces par la nouvelle répartition se recruteront parmi ces catholiques sortans, ce qui réduirait, en définitive, à trois voix le déplacement que les libéraux ont la chance d’effectuer à leur profit. Pour les six autres nominations complémentaires qui reviennent aux provinces où les anciens mandats électoraux n’ont pas encore expiré, l’opposition ne peut, en effet, espérer au plus qu’un partage égal. Ces trois voix dont nous venons de parler, retranchées des vingt voix qui font la supé-